Un homme une femme chabadabada chabadabada ...

09/03/2013 13:46

 

Pondichéry 09/03/2013

J'ai fini ma journée d'hier et commencé celle d'aujourd'hui par une visite à l'ashram Aurobindo et surtout un long moment de paix et de silence devant le « Samadhi » : tombeau de Sri Aurobindo et de La Mère. Les photos sont interdites dans tout l'ashram. Si j'étais mauvaise langue, je dirais que c'est pour mieux vendre leurs propres photos, mais je ne le dirai pas … J'ai donc acheté une photo de ce fameux Samadhi et je l'ai … photographiée pour vous !!!... Sur la stalle : fleurs fraîches renouvelées 2 fois par jour. J'ai assisté ce matin à l'arrivée de grosses corbeilles de fleurs coupées. Profusion de fleurs dans la cour-jardin où l'on peut s'installer pour méditer : oeillets et roses d'Inde, bougainvillées, hibiscus, lys, jasmin,, lotus, zinnias, oeillets de poète, coeurs de Marie, tournesols, orchidées, plumbagos, cosmos, dalhias, glaïeuls, cactées, kalanchoés, frangipaniers, pétunias et, j'en oublie sûrement …

Procession ininterrompue de 8h à 12h et de 14h à 18h de visiteurs qui prien devant le tombeau : debout, agenouillés, à demi-couchés sur le bord de marbre, le front, les tempes ou le visage tout entier appuyé sur le tapis de fleurs. Mains délicatement posées sur les fleurs puis sur eux-mêmes afin de s'en approprier les bienfaits …

Une coupelle d'eau fait office de bénitier, il y flotte des feuilles de menthe. Chacun y trempe les doigts pour s'asperger de quelques gouttes et certains mangent les feuilles …

J'ai vu une femme « voler » quelques fleurs aussitôt cachées dans son sac et remplacées par d'autres apportées dans ce but. Un panneau indique clairement cette interdiction ! Elle est restée longtempsle visage posé sur les fleurs (elle devait avoir une longue liste de doléances …), elle est partie puis revenue avec 2 enveloppes. Je pensais qu'elle allait faire une donation, mais non, elle a frotté ses enveloppes sur le tapis fleuri en murmurant quelques mots, s'est inclinée encore, est repartie avec ses enveloppes dont nous ne connaîtrons jamais le secret …

Un homme pressé prend juste le temps de s'agenouiller, comme dans des starting-blocks, quelques gouttes d'eau mentholée sur le crâne, inclinaison rapide du buste, et hop ! Au boulot ….

Une vieille femme ne pouvant marcher qu'en se tenant au bord du tombeau (je me rends compte, en relisant cette phrase, à quel point elle peut être comique, lue au 2nd degré ; en effet, cette femme est, de toutes façons, au bord du tombeau … mais non, je ne me moque pas.), s'agenouille tout de même et profite longuement de toute cette douceur parfumée …

Une petite fille imite gravement chacun des gestes de sa mère et fait des commentaires enthousiastes à haute voix. L'un des gardiens la stoppe tout net car le silence absolu est de rigueur.

Endroit idéal pour le repos du corps et de l'esprit (je parle du jardin, pas du tombeau, quoique …)...

Le tombeau, tête à l'Est, vers la mer donc, est à l'ombre d'un immense acacia dont les branches s'allongent vers le Sud.

Si j'ai bien retenu ce que j'ai lu, Sri Aurobindo et La Mère (majuscules obligatoires, ce n'est pas une mère, c'est La Mère) ont vécu là une quarantaine d'années.

Sri Aurobindo est né en 1872 à Calcutta et « a quitté son corps » en 1950 à Pondichéry. Il a vécu son enfance et fait ses études en Angleterre est revenu en Inde pour enseigner. Mystique, praticien de yoga, impliqué dans la politique. Sa lutte pour l'indépendance de l'Inde l'a conduit pour 1 an dans les prisons de Sa Majesté … A sa sortie de prison, il choisira de s'installer dans l'enclave française de Pondichéry.

La Mère est née à Paris en 1878 et « a quitté son corps » en 1973 à Pondichéry. Elle a fait ses études à l'Académie Julien de Paris. C'est une « artiste accomplie » (Cf Lonely Planet), j'ai vu certains de ses dessins, c'est vrai qu'elle avait du talent. Depuis son enfance elle est persuadée d'avoir une mission spirituelle à réaliser sur terre, destin de « gourou » tout tracé donc ... C'est aussi une voyageuse. Lorsqu'elle rencontre Aurobindo en 1914 à Pondichéry elle le reconnaît aussitôt comme le Krishna de ses « visions » …

Si vous voulez en savoir plus, la littérature ne manque pas à leur sujet et ils ont eux-mêmes beaucoup écrit.

L'ashram lui-même n'est qu'une petite partie de ce qui gravite autour : pensions de plus en plus nombreuses (je n'ai pas pu y trouver de place), maison d'édition, fabrication d'objets artisanaux, librairie, cartes postales, souvenirs multiples, bijoux, photos-reliques des gourous depuis leur plus jeune âge, bibliothèques, écoles et même un Centre International d'Education d'environ 400 élèves de la maternelle au lycée, organisation de manifestations artistiques, concerts, expos, films … Une sorte d'état dans l'état …

On reconnaît les adeptes à leurs vêtements blancs ou clairs et à leur allure un peu « éthérée » … Un certain nombre de femmes portent, comme La Mère, des turbans blancs à la Simone de Beauvoir et, plus surprenant, des bermudas (vestige de mode coloniale ???)

En 1968, La Mère a créé, à 10 km de Pondichéry, la fameuse ville utopique Auroville, ville universelle où domineraient l'Amour et la Fraternité !!!...

Je n'ai pas encore programmé ma visite et, le peu que j'en verrai ne me permettra pas de vous dire si le but fixé a été atteint …

Photos du tombeau et de l'entrée de l'ashram.

Je vous embrasse avec amour et fraternité.