Un autre petit flash back pour la route ???...

08/04/2013 12:29

 

Mumbai 07/04/2013

Vous boirez la coupe jusqu'à la lie !!!... (et non jusqu'à « l'hallali » comme disait un de mes très anciens collègues de jeunesse également adepte du « ponceur » de Rodin et des chiens à « pieds tigrés » !!!...).

Voici un article écrit le 5 à Colva Beach à la terrasse de « Eddie's place » à 7h30.

Comme tous les matins je suis seule sur la terrasse, face à la mer, gris vert aujourd'hui … Quelques promeneurs marchent les pieds dans l'eau, les chiens savourent la fraîcheur de l'air et les pêcheurs n'ont pas encore pris le chemin du retour … Pas un souffle de vent. C'est plutôt le soir qu'il se manifeste …

Mon muesli quotidien est en cours de préparation : plus besoin de commander, je commence à « faire partie des meubles », et ça, c'est du muesli : abondance de papaye, ananas, banane, pastèque (les mangues ne sont pas encore mûres), noix de cajou, accompagnés d'un bol de fromage blanc légèrement acide (ce qu'ils appellent « curd ») et généreusement arrosés de miel. Quant au café noir, il est plutôt pas mal par rapport à tous ceux que j'ai bus jusqu'ici, sauf celui de Pondichéry … mais si, rappelez-vous le petit stand au coin de la rue Dumas et de la rue de la Marine, juste en face du secrétariat en chef de je ne sais plus quel ministère !!!...

Mais, je papote, je papote et ce serait tout de même bien que je vous parle de Goa avant de partir pour Bombay (devenu officiellement Mumbai en 1996).

Contrairement à ce que je croyais Goa n'est pas une ville mais un état dont la capitale est Panaji (ou Panjim). Old Goa fut la capitale jusqu'au XIXème siècle. On y parle le konkani.

Au Nord, c'est le Maharastra, capitale Mumbai, on y parle le marathi.

Au Sud et à l'Est, c'est le Karnataka, capitale Bangalore (c'est une révision …), on y parle le kannada.

Et, juste pour vous rafraîchir les méninges, j'ai aussi traversé le Kerala, capitale Trivandrum, on y parle le … voilà, je savais bien qu'il fallait une révision avant le bac blanc … on y parle le malayallam, c'est pourtant facile à retenir …

Et, dans le Tamil Nadu, capitale Chennai (ou Madras pour les nostalgiques coloniaux …), on y parle le … non alors là si vous ne trouvez pas, c'est le redoublement assuré ... ouf, je vois quelques doigts qui se lèvent … oui, gagné, on y parle le tamoul !!!...

Mais je m'égare, nous étions à Goa …

Dans les années 60 ce sont les hippies qui ont mis Goa sur le devant de la scène : plages paradisiaques, douceur de vivre … drogues, c'est le cliché !

Cela reste vrai pour une part, mais les petits groupes de marginaux se sont transformés en hordes de fêtards (tourisme de masse aidant) : drogues, alcool, rave-parties avec tout ce que cela implique comme problèmes de criminalité (officiellement toutes les drogues sont proscrites mais toutes sont disponibles à Goa) : morts violentes, viols en augmentation, etc. La partie Sud de l'état était jusqu'à récemment préservée de ces excès, mais c'est entrain de changer (tourisme indien en cours de gros développement, énormes problèmes liés à l'alcool, détaxé ici, donc bien moins cher). Quant à la partie Nord, un couple franco-anglais qui vient ici depuis plusieurs années m'en a parlé, il semble que la police ait sérieusement repris les choses en main … Affaire à suivre !!!...

En ce qui me concerne, c'est la tranquillité parfaite (la basse saison est bien engagée) : sable fin, mer chaude, nourriture succulente et paysages de cartes postales. Dommage qu'il fasse aussi chaud !!!... (J'vous « niaise » comme disent les québécois !).

Le lieu, plus que partout ailleurs, est envahi de russes : l'alcool, ça, ils connaissent ; une p'tite bière le matin avant le p'tit déj … même pas peur !!!... En fait ce doit être partie intégrante du p'tit déj !

J'ai profité de la mer tôt le matin ou en fin d'après-midi, sinon, c'est le « coup de bambou » assuré !

L'autre jour, pour le déjeuner, vers 13h, j'étais installée à l'ombre, chez Eddie : un grand costaud ventripotent, blanc (je devrais dire rouge …) s'installe devant moi, torse nu, crâne dégarni, en plein soleil … Il rissole et ruisselle, ingurgitant en 2 temps, 3 mouvements, 1l de bière suivi d'1l d'eau (pour diluer sans doute …) puis s'en va parfaire sa « cuisson » en marchant le long de la mer …

Chacun d'entre nous a pu assister à ce genre de scène en France ou ailleurs, mais ça me laisse toujours très perplexe …

Goa ne se résume évidemment pas à la plage et à la « fête ». Plus qu'à Pondichéry où subsiste l'empreinte française, Goa est riche de son passé portugais. C'est Vasco de Gama (je ne vous ferai pas l'injure de vous demander si vous connaissez ce monsieur !!!...) qui a créé la colonie au XVIème siècle. Il n'était pas seul, vous vous en doutez … Et la conquête territoriale allait de pair avec le prosélytisme religieux, non sans douleur …

Vestiges architecturaux multiples (de nombreuses réhabilitations sont en cours), azuleros (faïences murales bleues, vertes …), églises, cathédrales, basiliques à foison : la sobriété immaculée de l'extérieur contraste avec la richesse baroque de l'intérieur : abondance de dorures, de sculptures abondamment décorées, de lustres et de chandeliers « tarabiscotés » … Je préfère plus simple et dépouillé !

Les noms de familles sont aussi là pour témoigner de ce passé : Da Silva, Fonseca, Gonzalves, Gomes : je me suis promenée dans un joli petit cimetière en face de l'église N.D. De la Miséricorde à Colva. Tombes de terre rouge, croix de bois, quelques bougies (les mêmes que pour les offrandes au temple hindou), fleurs fraîches étalées sur les tombes (toujours beaucoup d'oeillets d'Inde jaunes et orange).

La bourgeoisie goanaise met un point d'honneur à faire apprendre le portugais à ses enfants. Cela leur permet aussi éventuellement d'obtenir un passeport portugais;

La vierge, « Our Lady », est vénérée et fleurie tout autant que les divinités hindoues.

N.B. Pour lyonnais : le 8 décembre à l'église N.D. De l'Immaculée Conception de Panaji : grande fête et office religieux particulier pour la fête de la Vierge. A Lyon, c'est le jour des Illuminations

J'ai assisté par hasard à un baptême collectif le jour de Pâques : le prêtre parlait portugais. Les femmes étaient vêtues à l'occidentale, c'est à dire, robes jusqu'aux genoux, mais tissus à l'indienne, très très brillants. Les hommes en costumes cravates et chaussures de ville et le sacristain, plus décontract' : chemise blanche, costume et … tennis !

J'ai bien aimé flâner dans ces ruelles aux maisons colorées, agrémentées de ferronneries et de faïences (presque à chaque entrée : des croix ou des effigies de Jésus et de Marie), puis me reposer, me rafraîchir et laisser vagabonder mes pensées dans les lieux saints … J'ai bien aimé, le matin, les trajets en bus pour atteindre ces lieux : rizières, palmeraies, troupeaux de buffles noirs et leurs inséparables hérons blancs ... J'ai aimé m'asseoir sur le sable, à l'ombre de Jésus (nom du bateau de pêche) et laisser passer le temps tout simplement …

Je pense vous avoir joint une de mes photos préférées : trois zones horizontales : sable, mer, ciel.

Aucun relief apparent si ce n'est une légère frange d'écume, mais la vie, même invisible est bien présente … Fioritures inutiles … Symbole de sérénité ...

J'ai comme l'impression qu'à Mumbai, ça va être différent !!!...

Je vous embrasse.