Religion quand tu nous tiens !!!...

28/02/2013 12:02

 

Trichy 26/02/2013

Bonne nuit dans ma petite « chambrine » comme le dit Jean Reno dans « Les Visiteurs » !!!.. Ventilateur efficace, et dans l'ensemble, clientèle silencieuse … Je suis la seule occidentale, donc évidemment toujours un peu le point de mire. Les enfants ne se gênent pas pour venir me regarder de très près, ou alors, ils ont effrayés lorsque leurs parents veulent me les présenter …

Là, il est 19h30, ma journée a été riche mais fatigante, je me repose un peu avant le dîner. Sous ma fenêtre, une rumeur phénoménale (les clients du restaurant extérieur sans doute), j'ai l'impression qu'ils sont des milliers !!!... J'entends aussi des tambours, il y a sûrement une procession quelque part mais j'en suis un peu blasée, j'en ai déjà tellement vu et je n'ai pas envie de me replonger dans la foule …

Ce matin, le goût pour la nourriture indienne m'est revenu, de toutes façons, il n'y avait pas de petit déj occidental ! J'ai demandé quelque chose de « sweet », mon petit serveur préféré (depuis hier soir il me couve du regard avec beaucoup de respect) m'a exaucé en me conseillant, si ma mémoire est bonne, du « pongal » : semoule de riz, je pense, avec raisins secs, noix de cajou, carottes, feuilles de curry et accompagnement de chutney noix de coco et un autre, plus pimenté que j'ai laissé …

Puis, départ pour « Rock Fort Temple » dans un autorickshaw dont le chauffeur avait une vraie tête de Tarass Boulba ! Peu de monde et fraîcheur matinale m'ont permis une superbe visite ! J'ai gravi, sans trop de mal, les 437 marches pour arriver au sommet et découvrir la ville d'en-haut … ça valait vraiment le coup ! Inévitablement, j'ai eu de nombreuses demandes de photos : les gens ont simplement un grand plaisir à se faire photographier, et ils posent toujours avec un grand sérieux !

Ils regardent ensuite la photo, me remercient et s'en vont après m'avoir demandé mon nom (« my good name » et m'avoir serré la main …

Ce temple est perché à 83 m : Lonely Planet précise que des petits temples ont été creusés dans la roche avant qu'une peuplade guerrière transforme le lieu en forteresse. Les 2 grands temples du site sont interdits aux non-hindous, mais j'ai quand même pu admirer des tas de statues et peintures murales … Lorsque je suis arrivée en bas, un éléphant était installé là avec son cornac et les pélerins, maintenant nombreux, lui apportaient des offrandes de nourriture : tomates et autres légumes bien appétissants. Puis chacun lui touchait la trompe avant de s'en aller, assuré de sa prospérité future … De l'entrée émanait une odeur de beurre rance, issue de toutes les petites cupules en terre cuite, remplies de « ghee » (le fameux beurre clarifié) et dans lesquelles les pélerins allument une mèche de coton ; parfois le parfum du jasmin des parures de cheveux des femmes prenait le dessus, à mon grand plaisir … Je reste époustouflée par l'intensité de ces marques de dévotion : pélerins allongés à plat ventre sur la pierre, ou faisant des cercles sur eux-mêmes ou autour de certaines divinités, se frappant la tête des poings sur les tempes, psalmodiant indéfiniment des mantras, faisant des offrandes de noix de coco, de bananes, d'herbes diverses, de bouquets de feuilles de curry, de fleurs … Au temple de Madurai, dans la partie musée où certaines statuettes sont dans des cages de verre, certaines personnes ont réussi à glisser leur photo d'identité ou même leur carte de visite professionnelle au pied de la divinité dont ils demandent la protection !!!... Cela m'a bien amusée (j'ai la preuve photographique de ce que j'avance …) et j'imaginais le branle-bas- de-combat que cela provoquerait dans l'un de nos musées hyper sécurisés !!!...  

Puis, comme prévu, je me rends à l'Eglise de Lourdes : grand contraste avec le Temple : silence total et recueillement immobile. Quelques personnes (toujours uniquement des indiens), assises en tailleur sur le sol de marbre. Fraîcheur de l'air et des couleurs : blanc et rose bonbon pour les murs et la voûte, couleurs très vives pour le Christ en croix et les stations du Chemin de Croix …

Toujours comme prévu et pour ne pas faire de jaloux, je me dirige (guidée par un jeune homme de l'église) vers le Tombeau musulman : pas de chance, les grilles sont fermées, en contradiction avec les heures d'ouvertures affichées … Le gardien a dû avoir une panne d'oreiller ! Allah ne devrait pas m'en tenir rigueur !

La chaleur commence à bien grimper, je rase les murs autant que possible pour me balader en ville, je quitte vite les artères grouillantes et polluées et j'apprécie de baguenauder dans les ruelles qui s'animent et se colorent … Si je ne me retenais pas, je photographierais chaque étal de fruits, chaque étal de légumes … Les vélos servent aussi d'étals, chaque présentation est une petite oeuvre d'art !

Je m'apprête à photographier un homme arrêté sur son vélo : à son guidon sont accrochées trois cages qui retiennent prisonnières de belles perruches vertes comme celles que j'ai vues en liberté dans la montagne de Kodaikanal … Il refuse avec véhémence. Je demande pourquoi à un homme qui parle anglais (un attroupement s'est formé), il me dit qu'il a peur que je publie la photo dans un magazine car ce qu'il fait est interdit. Je précise donc que je ne suis pas journaliste et que je ne la publierai pas. Il accepte donc avec un grand sourire ravi tout de même. Je m'aperçois qu'il a une jambe très estropiée … en quelques mots je dis tout de même ce que j'en pense et mon « traducteur » lorsque je lui demande « pourquoi ? » (le fameux pourquoi des français), me répond, et il n'a pas tort : »This is our business ». J'apprends que les perruches seront relâchées si quelqu'un les achète, mais ils me demandent bien trop d'argent (plusieurs centaines de roupies, environ 5 euros par perruche …). J'ai déjà rencontré ce type de « commerce » en Thaïlande avec d'autres oiseaux … Je me sens un peu coupable de n'avoir rien fait pour les libérer et j'espère que quelqu'un d'autre le fera très vite (le prix demandé à un indien sera certainement plus acceptable) car il paraît que ça porte bonheur ! Voilà comment on rate le coche !!!...

Après-midi consacrée au Temple de Sri (Saint) Ranganathaswamy, ce n'est pas très loin de l'hôtel.

Sous un climat tempéré, j'aurais pu y aller à pied, mais là, c'est la marmite du diable, chaleur saharienne, écrasante, je dois prendre un bus à 150 m de là, aucun arbre, juste l'ombre de quelques petites échoppes en bord de route … Vais-je rebrousser chemin ? J'hésite mais si je veux voir ce site c'est maintenant ou jamais car plusieurs heures sont nécessaires et je ne veux pas rentrer à la nuit tombée ! Le bus arrive très vite : une vraie cocotte minute ! Comme le disait Jeanne d'Arc (ceux qui me fréquentent connaissent tous cette réplique attribuée à notre chère « Pucelle d'Orléans ») : « Vous ne m'avez pas crue, vous m'aurez cuite ... » !!!... Le trajet n'est pas trop long, je n'ai pas le temps de cuire, seulement le temps de transpirer à grosses gouttes (même les bretelles de mon sac à dos sont trempées).

Je ne regrette pas le déplacement : il y a plein d'espaces frais et ombragés, des pélerins (on ne dit pas pélerine au féminin, mais « pourquoi ???) par centaines, arrivés depuis longtemps sans doute : beaucoup dorment allongés sur la pierre. Odeur de ghee, parfums de jasmin, d'encens, encore et encore. Je passe un grand moment assise avec des femmes qui dessinent au sol des mandalas, très concentrées sur leur création. Elles ont chacune un espace d'environ 20 cm sur 20 cm ; dans un petit panier, leurs ingrédients … Tout d'abord, couper 1 ou 2 petits citrons, presser le jus sur le sol, bien l'étaler, colorer avec de la poudre jaune (curcuma ?)puis avec de la farine, tracer les contours du mandala (souvent une fleur de lotus stylisée), à chaque intersection déposer un peu de poudre rouge ou jaune (celle dont elles se marquent également le front), puis agrémenter de fleurs fraîches et, pour finir, retourner les moitiés de peaux de citrons pour en faire de petites coupelles dans lesquelles il faut installer une petite mèche de coton et remplir de ghee. Pour finir, allumer les mèches et prier … C'était très beau et très apaisant à regarder … L'une des familles présentes m'a invitée à partager un moment en m'offrant quelques raisins secs … « conversation » un peu laborieuse car anglais limité ! J'ai tout de même compris que j'étais invitée dans leur maison, hélas bien trop loin par rapport à mes projets … J'ai eu alors droit moi aussi à ma marque rouge au front et sur le cou !

D'après Lonely Planet, ce temple est le plus grand du sous-continent indien : c'est un peu une ville dans la ville. J'ai vu des indiens (riches certainement) s'y déplacer dans des véhicules électriques avec chauffeur ! Pour traverser le temple du Sud au Nord (ou vice-versa) il faut passer sous 7 gopuras (le plus grand mesure 73 m de haut) surabondamment décorés de multitudes de divinités (comme celles que je vous ai montrées à Madurai) ; d'un gopura à l'autre : des espaces occupés par « les marchands du Temple » et Jésus n'est pas passé par là pour les en chasser !!!... Nourriture, souvenirs, grigris (ça c'est moi qui le dis sans méchanceté aucune …), mendiants, vaches (que l'on touche en passant, il ne faut pas rater une occasion d'attirer sur soi la bonne fortune), vrais et faux guides, rickshaws , petits temples « annexes » (interdits aux non-hindous) où des swamis, à foison, donnent des bénédictions, imposent les mains, donnent la permission d'entrevoir rapidement une divinité éclairée par quelque lampe à huile, tout cela bien sûr, en échange de « donations » … Une fois encore, ne pas manquer l'occasion qui pourrait nous apporter la bonne fortune !!!...

Un swami, fort bienveillant, m'a donné quelques indications et surtout recommandé de m'asperger la tête de l'eau de la rivière coulant à la sortie du temple pour me purifier et … attirer les bienfaits sur moi … Je l'ai bien remercié de sa suggestion en lui disant que je n'avais pas le temps d'y aller aujourd'hui, mais que j'irais sans faute le lendemain !!! Ce que j'avais vu de la rivière (des garçons en avaient rempli un jerrycan au milieu des détritus afin de préparer un « bouillon d'onze heures, bien glauque et verdâtre, à toute leur famille certainement !!!...) ne m'incitait pas du tout à suivre son enseignement désintéressé !!!...

De gopura en gopura l'après-midi est passée dans une ambiance de spiritualité et de foire mêlées, puis un autorickshaw (bus bondé à cette heure-là et personne n'a pu me dire avec certitude où le prendre pour le retour) m'a ramenée, après un bon tassement vertébral, jusqu'à mon hôtel.

L'eau de la douche n'était certes pas sacrée, mais tout de même bien porteuse de bienfaits … Trop fatiguée pour avoir faim je me suis endormie sans manger malgré le raffut sous ma fenêtre … D'ailleurs, vous le savez bien : « Qui dort, dîne ! »

Ce sera votre sujet de méditation du jour !!!...

Je vous embrasse.