Plat du jour : Un nuage de spiritualité, quelques gouttes de poésie, une légère pointe d'humour ...

15/03/2013 12:00

 

Pondichéry 13/03/2013

A l'ashram Aurobindo, assise près du « Samadhi ». Toujours la même chapardeuse de fleurs, je la vois chaque jour, l'air innocent et recueilli, faire les mêmes gestes : et hop, une fleur escamotée, une inclinaison de la tête, une génuflexion et, ni vu, ni connu (croit-elle ...)j' t'embrouille !!!... Je ne suis certainement pas la seule à l'avoir repérée …

Les écureuils, et oui, il y en a partout, s'en donnent à coeur joie, c'est le paradis pour eux : de pot de fleurs en pot de fleurs, de tronc en tronc, de branche en branche, grignotant par-ci, furetant par là, jamais en repos … Alors que, sur le tronc de l'acacia est installé un de ces lézards à l'allure « jurassic park », sorte de varan de Komodo miniature, parfaitement immobile, la tête relevée, l'épine dorsale hérissée …

Je me laisse gagner par la ferveur du lieu et, aujourd'hui, j'ose poser mes mains sur ces fleurs « bienfaisantes » ainsi que sur le tronc de l'acacia protecteur. Ce simple geste me procure une paix profonde …

Avant de quitter la guest house ce matin, j'ai eu une discussion avec le patron : il me parlait des liens primordiaux de la religion hindoue avec la nature. Par exemple, les mandalas, dessinés chaque matin devant les portes avec de la farine de riz, outre leur pouvoir de protection, sont aussi une offrande … Elles peuvent nourrir les fourmis de passage !

Le soir, sur ces mêmes dessins, on fait couler des jus de citro, puis on répand dessus une poudre rouge (toujours celle qui sert aux marques sur le front). Dans la rue du temple, le soir, l'odeur fraîche des citrons écrasés envahit l'espace et il y a intérêt à regarder où l'on pose les pieds si l'on ne veut pas glisser sur les fruits …

Je vous ai déjà parlé, je crois, de ce rituel des noix de coco violemment projetées contre le mur face au temple (j'avais déjà vu ça à Trivandrum) : le lait et les coques tombent dans un grand bac réservé à cet effet. Là, par contre, l'odeur de lait de coco chaude et rance est plutôt écoeurante …

Des moitiés de citrons et de papayes badigeonnées de la même poudre rouge sont déposées à l'entrée des maisons, aux coins des portes …

Piments et citrons forment des « mobiles » colorés au-dessus des entrées …

Feuilles de palmes et de bambous dessinent des guirlandes légères et dansantes dans les enceintes de temples …

Et les fleurs … omniprésentes … dans les cheveux des femmes, des petites filles, quelquefois sur l'oreille d'un homme, au pied des statues (hindoues ou chrétiennes), accrochées aux rétroviseurs des voitures, des autorikshaws, flottant dans des coupelles, ou, comme le lotus, émergeant d'eaux fangeuses ! Fleurs « prières du royaume végétal » !

« Flowers are the prayers of the vegetal kingdom » (La Mère)

A ce propos, j'ai visité une très belle expo photo-poétique « The living beauty of India ». Le photographe poète est russe et s'appelle Ritam. Photos de nature : fleurs, arbres, papillons, splendeur des paysages himalayens accompagnées de poèmes dont je vous offre un exemplaire :

« One day we all shall freely fly

A million-winged sun-butterfly,

On the soul's wings of gold we'll rise.

And in the dance of the flying rays

There shall be born the crowning grace

On earth a blissfull sun-winged race,

The flock divine of deathless days -

The world of sun-gold butterlies ! » RITAM 04/01/2012

A vous de traduire ou de simplement vous laisser charmer par la musique des mots … Traduire un poème, ce n'est pas seulement transposer des mots d'une langue à une autre !!!... Je ne me sens pas capable d'en restituer l'essence …

Vous vous imaginez traduire le fameux « Quand le ciel bas et lourd ... » auquel je faisais allusion l'autre jour, en « When the sky down and heavy ... » ???... Le pauvre Baudelaire, qui n'était déjà pas un gai luron de son vivant, se retournerait dans sa tombe !!!...

Connaissez-vous le livre « Sky ! My husband ! », traduction de « Ciel ! Mon mari ! » ? C'est tout à fait l'illustration de ce que donne une traduction à la lettre …

Parenthèse linguistique refermée, j'ouvre rapidement une parenthèse spirituelle … qui explique la signification des symboles de La Mère et de Sri Aurobindo (je joins une photo). J'ai traduit l'explication détaillée dans le petit dépliant fourni (moyennant 2 roupies, il n'y a pas de petits profits ...)) par l'ashram. Je ne suis cependant pas assez « calée » pour accéder au sens profond de ces explications. Peut-être pourrez-vous m'éclairer …

Symbole de La Mère : le cercle central représente la Divine Conscience. Les 4 pétales représentent les 4 Pouvoirs de La Mère. Les 12 pétales représentent les 12 Pouvoirs manifestés par La Mère pour son Oeuvre.

Symbole de Sri Aurobindo : le triangle du bas représente Sat-Chit-Ananda (NDLR : Ananta est le serpent sur les anneaux duquel repose Vishnu, je ne sais pas s'il s'agit de la même divinité. A rechercher !)

Le triangle du haut représente la réponse (« aspiring » = aspirante ???... mouvement vers le haut ???) de la matière sous la forme de le vie, de la lumière et de l'amour.

La jonction des 2 (le carré central) est la parfaite manifestation avec, en son centre, l'Avatar du Suprême, le lotus. L'eau du carré central évoque la multiplicité, la création.