Nourritures terrestres et nourritures spirituelles ...

03/03/2013 06:44

 

Pondichéry 02/03/2013 

Si je tenais le chien qui a aboyé des heures cette nuit alors que tout était parfaitement silencieux !!!

Mes « chuuuut », tais-toi », « vas couché », n'ont rien changé à l'affaire (encore un anglophone !) !

De guerre lasse, j'ai fini par me rendormir. Manifestement, lui, dormait lorsque je me suis levée …

Non, pas de petit déj' grand luxe ce matin. Je choisi un autre lieu, « Le Café » sur la promenade face à la mer. Il est à peine 8h, les rues commencent à s'animer. La mer est éblouissante, normal, c'est l'est ; quelques barques de pêcheurs montent et descendent au gré des énormes vagues ...

J'ai le temps de les observer car le service est d'une lenteur … corse ou ...espagnole (dans les années 60) !!!... J'ai aussi le temps de décortiquer la carte et même, si je veux, de l'apprendre par coeur …

Joie, bonheur, santé : le chef des serveurs en personne vient prendre ma commande !

Déception n°1 : on ne peut plus griller de toasts (panne de grille pain dès le début du service ???) ; je ne demande pas pourquoi, je veux manger …

Déception n°2 : il n'y a pas de café (dans un lieu qui porte ce nom, c'est un comble), je ne demande pas pourquoi, j'accepte le banal thé en sachet que j'agrémenterai de lait …

Déception n°3 : il n'y a pas de lait non plus … Ne demandez pas pourquoi ou je vous mords !!!...

Je respire calmement (vive la sophrologie et le yoga …), j'hésite à partir, non, je ne veux pas me refaire un parcours du combattant à jeun …

J'ai encore le temps d'observer alentour : je ne suis pas la seule logée à cette enseigne, je vois les mines déconfites autour de moi … et certains s'en vont.

J'apprécie de pouvoir enfin recharger mes batteries, mais je ne m'attarde pas. Je vais visiter le petit temple Sri Manakula Vinayagar, dédié à Ganesh , le Dieu Eléphant. Il y a déjà foule, c'est samedi, beaucoup de touristes indiens en week-end. Les marchands de fleurs : lotus, jasmin, sont installés et les boutiques de souvenirs de pacotilles ouverts … Les pélerins font la queue. Multiples représentations de Ganesh, selon les différents pays d'Asie où il est vénéré. Et, toujours les mêmes marques de dévotion …

L'autre jour, je suis passée au moment où l'éléphant, Lakshmi de son petit nom, donnait sa bénédiction par un léger effleurement de sa trompe sur la tête de ceux qui lui offraient de la nourriture. L'animal est parfaitement éduqué et ne se permet aucune familiarité déplacée … Après tout, quelle différence entre la croyance aux bienfaits apportés par la bénédiction de Lakshmi et la croyance aux vertus guérisseuses de l'eau bénite de Lourdes ? ?? Evidemment l'essentiel est d'y croire …

Puisqu'il est question de dévotion, je vous parlais hier de l'Eglise du Sacré-Coeur, une de mes haltes rafraîchissantes ! Je suis arrivée au moment où commençait la messe. Expérience inouïe ! Un vrai « show » du prêtre avec participation très active du « public » !

Multiples écrans de télé pour ne pas en rater une miette, une sono à rendre sourd … Le prêche commence tranquillement (je ne comprends pas, c'est en tamoul, sauf de temps à autre : « Praise the Lord » et « Thank you Jesus », scandés avec une extrême conviction),puis la voix du prêtre enfle, son débit s'accélère, il a les yeux fermés, les poings serrés, se met à chanter, entraînant les fidèles avec lui. Il les invite à applaudir au nom de Jésus. Les bras s'élèvent vers le ciel, certains fidèles se balancent d'avant en arrière, comme en transes, pleurent, s'agenouillent, recueillis ou extatiques …

Le ton s'apaise, je crois que c'est fini, mais non : autre prêche, autre montée d'extase, autres chants … je ne suis que spectatrice et pourtant une intense émotion me gagne (comme dans le Kerala lors de la procession hindoue dont je vous avais parlé et qui m'avait tant « bouleversée »). Puis, apaisement, puis autre prêche … Je suis partie avant la fin, fatiguée, avec le sentiment désagréable d'une manipulation des esprits, une espèce de séance d'hypnose collective !

Karl Max, qui, c'est le moins qu'on puisse dire, n'était pas parole d'Evangile, mais n'avait pas tout faux quand même, a bien déclaré que la religion était « l'opium du peuple » !!!...

Ce sera le mot de la fin de cette chronique profane et sacrée !

Je vous embrasse.