Etre une fille, c'est pas tous les jours facile ...

22/02/2013 10:59

 

21/02/2013 Kanyakumari

Pas d'internet depuis hier, je sauvegarde donc mes articles sur un document « Open office » … Je pense qu'à Madurai, ville importante, ça devrait mieux fonctionner …

Ce matin donc, comme prévu, réveil en « fanfare » avec la messe quotidienne, c'est pratique, je n'ai pas besoin de programmer l'alarme de mon tél !!!... Et, visite du Temple après un petit arrêt tchai près de l'hôtel : c'est la 3ème fois que je m'y arrête, je suis reconnue, bien accueillie et quelques femmes, touristes indiennes, essaient d'échanger un peu, mais c'est limité car elles ne parlent pas anglais ... A peine entrée dans le temple, je m'apprête à acheter mon billet, mais un employé, qui me réclame 10 rps (environ 15cents d'euro), appelle un des ouvriers du temple qui me conduit à travers un dédale de salles et en me faisant doubler toute une file de pélerins qui viennent rendre hommage à la déesse Kanya (vierge) Kumari (d'où le nom de la ville), avatar de Devi qui vainquit seule les démons et rendit au monde sa liberté (cf Lonely Planet). J'ai un peu honte de ce traitement de faveur, mais je n'ai rien demandé et personne ne semble s'en offusquer … Me voici donc en début de file, je peux admirer la déesse (et le diamant de sa narine) dans son sanctuaire illuminé de petites bougies, le gardien du sanctuaire me marque le front d'une poudre rouge et l'ouvrier qui m'a prise en charge me guide, illico presto, pour le reste de la visite. J'ai compris qu'il ne faut pas traîner … Il me montre où s'incliner, me précise combien de fois, puis sa mission accomplie, il me réclame une petite donation of course !!!... et retourne à son travail de terrassement … Je prends mon temps pour finir la visite et admirer les sculptures de pierre noire lustrées par le temps.

Je retourne ensuite sur mon lieu favori pour admirer la mer (aujourd'hui on voit parfaitement les 3 couleurs, nettement séparées, c'est étonnant !) et m'amuser de l'enthousiasme des pélerins … Grand-mères en sari mouillé à 4 pattes dans le sable entrain de chercher des coquillages, enfants apeurés emmenés à l'eau, bon gré mal gré, par leur père, sûrement plein de bonnes intentions … C'est Lourdes en plus coloré et plus anarchique … Je suis encore très sollicitée pour des photos, par des jeunes (les garçons sont moins timides que les filles, elles arrivent dans un 2ème temps …), on m'appelle « auntie », c'est mieux que « grand' ma » !!!... Ce matin on m'a même proposé un garçon célibataire !!!... que j'ai poliment … refusé !!!... Je ne sais pas si les populations masculine et féminine s'équilibrent mais j'ai vu l'autre jour (j'ai d'ailleurs récupéré une affichette, je la photographierai à l'occasion) une campagne intitulée « Let girls live » (« Laissez vivre les filles », « Save the Girl child » (« Sauvez les fillettes »), « Stop female foeticide » … « Females are not emails, don't delete them » (Les filles ne sont pas des emails, ne les détruisez pas ». « Delete » est le terme utilisé dans les boîtes mail lorsqu'on détruit un message et qu'on le met dans la « corbeille »...

Je viens de lire plus précisément l'affiche en question, voici donc ce qu'il en est :

  • en 2007 : 1 homme pour une femme,

  • en 2019, si rien ne change, ce sera 3 hommes pour une femme,

  • en 2031 : 6,5 hommes pour une femme … J'espère que la prise de conscience va se faire !

  • J'ai ensuite pris mon petit déj : dosas massala dans un petit resto qui m'avait déjà attiré l'oeil car très fréquenté par les locaux (c'est bon signe en général) : les dosas sont des espèces de grande crêpes très fines, cuites sur une grande plaque de fonte rectangulaire chauffée par une rampe à gaz : c'est la bilig locale (qu'une vraie bigoudène, Morgane, au hasard, rectifie l'orthographe si nécessaire) !!!... pour les non bretons, bilig = plaque de fonte circulaire pour cuire les galettes (ou crêpes) de blé noir.

  • Puis, visite du Memorial Gandhi, beau bâtiment rose bonbon, sur 3 niveaux avec vue magnifique sur la rencontre des 3 mers et exposition de photos du Mahatma. Cette fois-ci je ne me suis pas laissée embarquer par le « guide » qui a commencé par me réclamer une « donation » et des pièces de monnaie françaises (pour sa collection particulière !!!...). Ce n'est pas le 1er qui me fait cette demande, cela se pratique d'ailleurs dans beaucoup d'autres pays … Ceux d'entre vous qui ont voyagé dans des pays « pauvres » y ont sûrement été confrontés ...

  • Tôt ce matin, pendant un court moment de solitude, face à l'océan, j'ai vécu un de ces rares instants de grâce et d'émotion, fugititifs, qui arrivent sans prévenir et se terminent presque aussi vite : de minuscules silhouettes se découpent au loin sur la langue de terre qui avance dans l'eau, le vent, la musique omniprésente, j'oublie la foule, j'ai une conscience très intense du lieu où je me trouve et j'éprouve une très grande joie … Cela m'est déjà arrivé ailleurs (à vous aussi certainement) et des instants qui peuvent paraître ordinaires, se transforment en instants uniques et inoubliables : être le premier à poser le pied sur un tapis de neige tombée pendant la nuit ! Respirer le parfum d'un seringa dans la tièdeur du soir ! S'adosser au tronc d'un séquoïa et sentir sa chaleur le long de la colonne vertébrale (je pense à ceux du Thabor). Je vais donc quitter Kanyakumari tout à l'heure et j'emporterai avec moi la sensation de ce bel instant …

  • J'en avais bien besoin car, j'ai vécu quelques moments un peu « durs » ces derniers jours : l'absence de compagnie, même si je fais quelques rencontres sympas, est parfois pesante et je me rends vraiment compte qu'être une femme seule dans ce pays, c'est réellement un handicap. Je pensais que mon âge me mettrait à l'abri de ce genre de tracas, mais il n'en est rien … Il ne m'est rien arrivé de fâcheux, mais il est des regards et des attitudes qui ne trompent pas … Dans le train, peu avant l'arrivée à Kanyakumari, alors qu'il ne restait pas grand monde, un homme se présentant comme un guide (mais je ne suis pas dupe …) est monté, s'est installé pas très loin de moi, a engagé une conversation très banale, puis il devenu plus curieux de ma situation (là, j'esquive, je m'invente un mari, excuse-moi Yvon !!!...), et après à peine 10 minutes d'échange, il se met carrément à parler sexe ... J'étais déjà sur la défensive, mais là, j'ai haussé le ton, lui ai demandé fermement de stopper avant que je crie plus fort … Le personnel du train était au bout du wagon entrain de plier les draps des couchettes. Aussitôt, il m'a dit OK OK Madam' et il est parti !!!...

  • Impossible donc d'être naturelle avec les hommes : je ne veux pas généraliser abusivement mais il est clair que nous n'avons pas les mêmes codes ; je m'installe autant que possible près de femmes et d'enfants et ne parle qu'avec des hommes en compagnie de femmes. Beaucoup s'étonnent que je voyage seule et certains m'ont même dit « This is not allowed here » (« cela n'est pas permis ici » ; ma traduction serait plutôt :  « Les hommes n'autorisent pas les femmes à voyager seules ». Je ne doute pas qu'il y ait des exceptions et j'aimerais bien les rencontrer ...

  • Affaire à suivre donc … Le prochain épisode se passera à Madurai, en espérant que je puisse publier mes derniers articles assez vite.

  • Je vous embrasse.     

  • PS Je ne sais pas d'où viennent les petites virgules vertes en début de ligne !!!...