Encore de belles rencontres ...

06/04/2013 08:21

 

Colva beach (sud Goa) 31/03/2013

Je ne pourrai pas, a posteriori, vous faire le récit détaillé des quelques étapes escamotées lors des semaines précédentes, mais je vais essayer de vous en livrer de brefs aperçus.

Je me rends compte, en relisant mes notes, à quel point, pour moi, est importante l'émotion (enthousiasme, joie, tristesse, regret voire chagrin) de l'instant. C'est ce qui me permet de donner vie au récit, plus que la précision d'une description détaillée. Dans le dessin, ou la peinture, ou la musique, ce n'est pas la virtuosité de la représentation ou de l'exécution du morceau qui compte, mais bien l'émotion qu'ils transmettent (un grand merci en passant à Anne-Flo qui m'a permis d'appréhender cela pendant ses cours de dessin et peinture …). Combien de fois me suis-je dit : « Il faudrait que je puisse écrire, là, tout de suite … Les photos sont là, heureusement, comme support et fil conducteur.

Raconter mon voyage ce n'est pas faire une leçon de géographie, d'histoire, d'archéologie ou d'histoire de l'art, même si cela m'intéresse beaucoup. Ces informations-là, on peut tous les trouver dans les livres ou sur internet.

Parenthèse qui n'a rien à voir : je viens de chasser un gros insecte (?), espèce de grosse crevette marron, rentré dans ma chambre par la porte ouverte sur la terrasse. J'espère que le gecko qui était là tout à l'heure n'en fera qu'une bouchée !!!...

Flash back donc : retour sur la côte est.

Mamallapuram : au Nord de Pondichéry, là où j'avais ma chambre rose.

Site historique immense et magnifique, très vivant, des chèvres y ont établi leurs quartiers, ne se gênant pas pour « bouloter » les offrandes (elles semblaient bien apprécier le ghee des bougies … gare au cholestérol !). La ville est classée au patrimoine mondial de l'humanité et, conséquence positive du tsunami : la mise à jour d'autres vestiges !!!...

A l'entrée du site : immense mur de rochers sculptés : scènes de la mythologie hindoue, troupeau d'éléphants, naga (créature serpent), scènes de la vie quotidienne, ascèse du sage Arjuna ou pénitence du sage Bagharita ? Ce n'est pas moi qui départagerai les spécialistes ...

A l'intérieur, abondance de temples, sanctuaires, grottes, accessibles certes, mais il faut les mériter car le lieu est escarpé et, vous vous souvenez, il fait chaud !!!... Je m'accorde des haltes fréquentes, heureusement les arbres ne manquent pas et l'intérieur des temples est toujours très frais.

Un énorme rocher, le « Krishna's butter ball » (Boule de beurre de Krishna) en équilibre sur d'autres rochers en pente, est le centre d'attraction du lieu : tout le monde s'y fait photographier, tentant de le pousser … Rien à craindre, il est inébranlable !!!...

Sea Shore Temple (VIIème siècle) : comme son nom l'indique, il est sur le rivage. Il se dresse à la pointe rocheuse, face au soleil levant, entre la plage des pêcheurs, au pied du village coloré, et la plage des baigneurs.

Visite très matinale, quasi solitaire, alors que dans la journée des hordes de touristes l'envahissent (expression galvaudée mais très représentative …).

Dans la pénombre d'un recoin, j'ai failli ne pas la voir, je découvre une grande statue de Shiva allongé ; je m'imprègne profondément de la sérénité de cette posture nonchalante et cependant contemplative …

Face à la mer, dans un autre petit sanctuaire : le lingam (symbole phallique de Shiva), gros cylindre de pierre noire (on est Dieu ou on ne l'est pas, il faut que les « attributs » soient à la hauteur !) qui, à l'origine, dixit Lonely Planet, était éclairé par le soleil levant et couchant … Une multitude de chauve-souris sont installées sous la voûte qui le protège.

Site des Cinq Rathas (ratha = chariot en sanscrit), cinq sanctuaires, dédiés à un dieu hindou, portant chacun le nom d'un des cinq frères de l'épopée du Mahabarata et de leur épouse commune, Draupadi. (Cf Lonely Planet). Profusion de sculptures, dont les plus émouvantes, à moitié érodées, et les plus spectaculaires, grandeur nature comme l'éléphant, dédié à Indra, le Nandi, taureau monture de Shiva ou le lion gardien de Durga, déesse de la féminité sacrée et de la fertilité du sol indien.

Sur ce lieu, bien malgré moi, j'ai servi de support à une leçon de géographie pour un groupe d'écoliers en voyage scolaire : comme souvent, un ou deux enfants approchent timidement : « Where are you from ? What's your name ? How many children ? Where is your husband ? …. », lorsque je commence à répondre, tout le groupe arrive, ça les change des statues avec lesquelles le dialogue est impossible !!!... et pour eux, je suis bien plus exotique que Ganesh ou Shiva !!!...

Les profs arrivent, présentations mutuelles : « Where are you from ? » Etc etc.

Moi : je viens de France,

Prof : les enfants, dans quel continent se trouve la France ?

Enfants, en choeur : L'Europe.

Prof : nous venons de rencontrer quelqu'un des Etats-Unis, dans quel continent se trouvent les Etats-Unis ?

Enfants, en choeur : L'Amérique.

Félicitations, sourires, poignées de mains, photos bien sûr …

Comme j'ai aimé tous ces enfants curieux, s'extasiant d'une rencontre, s'étonnant de la blancheur et de la douceur (d'après eux) de ma peau : « so sweet, so sweet », les petites filles appelant leurs amies pour venir toucher mes joues, mes bras … Bon, la leçon de dermatologie comparée, on verra ça une autre fois, il fait trop chaud !!!... Allez vite, les profs attendent et ça ne rigole pas avec la discipline …

 

Kanchipuram (entre Mamallapuram et Bangalore, retour vers l'ouest), gare routière :

Des enfants gitans viennent mendier. Je dis non, ils insistent, j'essaie de les ignorer, c'est difficile …

Ils remarquent mon appareil photo, me demandent de les photographier : seul, à 2, à 3, enthousiastes et surpris chaque fois qu'ils se reconnaissent sur l'écran. Le plus jeune, environ 4 ans, essaie de gratter son image … Je sors ma carte routière de l'Inde, ils se penchent, intrigués, je mets alors le doigt sur l'endroit où nous nous trouvons et le nomme ; tous répètent alors, en choeur : « Kanchipuram » en y posant aussi leur doigt … Je montre un autre endroit et ils répètent, ravis, : « Kanchipuram ». Je leur fais comprendre que non en leur donnant le nom de différents lieux. Petit voyage virtuel avec ces enfants dont je peux deviner la soif de savoir, la curiosité et … la capacité d'apprendre malheureusement gâchée par leur vie de misère … Leur grande soeur les rappelle à l'ordre, il faut essayer de gagner quelques sous … Ils abandonnent vite et reviennent vers moi. L'un d'eux, dont j'ai caressé la joue, me prend la main et regarde attentivement l'intérieur, sans doute étonné par sa blancheur et, je ne sais comment, nous en venons à jouer, tous les 4, au jeu d'entassement de mains, de plus en plus vite … Mais, il faut partir … Leurs visages, capturés par l'objectif, sont dans ma mémoire : combien de temps l'enfance s'attardera-t-elle encore dans leurs regards ???...

Je me remémore la frêle silhouette adolescente d'une jeune fille portant un bébé endormi sur sa hanche, son pauvre sourire reconnaissant lorsque je lui ai offert, depuis la fenêtre du bus, une barquette de pastèque … Si je pouvais faire plus !!!... Présente aussi dans ma mémoire cette gitane belle, fière et énergique. Alors que les hommes réclament du coca-cola et des biscuits (ils sont drogués non-stop, c'est leur manière à eux de supporter la misère), les femmes sont bien là pour nourrir la « tribu » : je la suis vers une petite échoppe, elle ne veut pas d'argent mais du riz et de l'huile pour la cuisine. J'en achète donc. Elle prend son paquet et s'en va. Pas de merci et je n'en attends surtout pas. C'est moi qui devais la remercier de m'avoir permis ce petit geste … Dernière image : silhouette élégante dans ses atours colorés parmi les enfants nus et virevoltants, image vivante de dignité !!!...

Ces anecdotes me rappellent une inscription lue à l'arrière d'un autorickshaw :

« There are 2 sorts of people in the world : the takers and the givers.

The takers eat well, but the givers sleep well ... ».

(Il y a 2 sortes de personnes dans le monde : ceux qui prennent et ceux qui donnent.

Ceux qui prennent mangent bien, mais ceux qui donnent dorment bien …).

Simpliste ??? Manichéen ??? … Il y a longtemps que je ne vous ai pas soumis à une dissertation philosophique … Alors, à vos plumes !!!...

Bises.