Chapati swami and C° ...

10/02/2013 08:09

Comme je vous le disais hier avant le générique de fin, et pour rester encore un peu dans le domaine culinaire, à notre retour de fort Kochi Lija et moi avons parlé de notre cours de cuisine avec enthousiasme ! Le chapati swami a alors réagi avec vigueur : "Quoi, vous allez prendre des cours de cuisine ailleurs, alors que je peux tout vous apprendre ici et aussi bien, si ce n'est mieux ... (swami certes, donc a priori doté d'une certaine sagesse, mais la modestie connaît pas !!!...) Je suis prêt à commencer dès demain. A bon entendeur ! Pas intérêt de refuser si l'on veut continuer à avoir nos chapatis tout chauds chaque matin !

Ce qui fut dit fut fait : liste de courses à faire au village ; je m'occupe des légumes et Lija s'occupe du lait (on n'a pas l'autorisation de la mère pour utiliser celui de la vache d'ici, elle doit en avoir besoin pour autre chose),  de la coriandre fraîche et des noix de cajou.

Le lait c'est pour fabriquer du panir (je crois qu'en bon français cela s'appelle "cottage cheese" : on fait bouillir le lait entier, on ajoute peu à peu du petit lait de yaourt : le lait caille, on l'égoutte dans un torchon, on met sous presse, puis au frigo pour faire durcir (il sera ainsi plus facile à râper).

Le panir entre dans la composition des mayal kofta (c'est une recette du nord de l'Inde mais vous avez sûrement tous mangé des koftas de toutes sortes, on en trouve partout au Maghreb et en Turquie entre autres) : ceux-là sont à base de purée de pommes de terre, de panir donc, des épices habituelles et pour finir on incorpore les feuilles de coriandre grossièrement hachées. On fait frire (ici, dans l'huile de coco) et on sert avec une sauce à base d'oignons légèrement braisés puis mixés avec noix de coco, tomates, ail, gingembre crus, graines de cumin, de fenouil, cannelle, poivre noir, noix de cajou. La sauce est versée sur les kofta au moment de servir. Avec le reste de yaourt : raitha de pommes de terre bouillies (celles qui restaient  de la purée) + coriandre.

Chapatis bien sûr, cuites (je ne sais pas si le mot est féminin ou masculin, alors j'alterne ...) à sec sur une plaque en fonte posée sur le gaz, puis sur la flamme du réchaud à gaz (car le foyer est éteint) : il paraît que c'est meilleur ainsi. Et, pour compléter : reste du curry de mangue du matin et incontournable riz pour ceux (la majorité) qui en mangent à tous les repas. Ce matin : curry en sauce à l'ananas et curry sec de haricots verts.

Un beau moment de partage et de rigolade car, évidemment, je pense que vous vous en doutiez sans le connaître, ce swami est un vrai "cabot" : il a toujours besoin d'un auditoire, il parle souvent fort, avec véhémence en plongeant ses yeux noirs de lion du Pendjab dans les vôtres ... Il est péremptoire et supporte mal la contradiction ... Mais un homme qui prend tant de plaisir à faire à manger pour les autres ne peut pas être un homme mauvais. Nous avons souvent, tous les deux, (il me dit, par sous-entendus, qu'il ne peut pas avoir certaines conversations avec ses congénères car ils ont l'esprit un peu étroit ; je partage un peu cet avis) des conversations quelque peu "philosophiques" : la vie, la mort, la religion ...  L'autre jour, il comparait hommes et corbeaux (il y en a plein ici que la mère nourrit en leur mettent les restes de riz sur un auvent au-dessus de l'entrée) et voyaient peu de différences entre eux !!!... Il plaisantait (quoique ...) en me disant que les indiens mangeaient dans les détritus et que cependant il y en avait toujours plus, alors pourquoi faire autrement !!!...

Ce matin, j'ai pu faire une magnifique baignade dans la mer apaisée. Le ciel, gris ces derniers jours s'est dégagé et la chaleur est moins plombante, moins orageuse en tout cas.

Là, il est environ 13h, c'est l'heure de la nourriture des animaux : Umma, la danoise a apporté les poissons frais quotidiens et c'est le concert de miaulements. Les chiens ont, en plus, quelques biscuits. Les poules n'en finissent pas de caqueter et le coq de les poursuivre ! Quant aux corbeaux ce n'est pas leur heure, ils viendront en fin d'aprem. Puis Umma s'installe pour manger à son tour, le beau-frère du swami est assis là aussi e fait ses comptes, Sachi la japonaise s'essaie au malayallam, Lija fait sa lessive, Catherine me propose une grappe de raisin et Booma vient donner quelques précisions quant à l'utilisation du curcuma dans le traitement des blessures !!!... Amma et la cuisinière s'organise et discutent derrière leurs casseroles  ...Le lieu est plutôt animé. On n'a pas vu Renata aujourd'hui (une allemande de 60 ans environ, qui vient aussi ici, comme Umma depuis une trentaine d'années, et y a acheté une petite maison près de la mer), elle part tous les matins de bonne heure pour sa séance de natation quotidienne ; hier elle a nagé un long moment avec un couple de dauphin et leur petit ; elle pouvait entendre leur "chant" !

Bon, je vais vous laisser pour aujourd'hui et aller manger mon beau raisin ...

Je vous embrasse.