Black and white

02/02/2013 18:19

Tout d'abord "Namaste" à ceux qui viennent de faire leur première incursion dans ce blog, c'est un plaisir de vous y accueillir !

Nous venons de rentrer dans la paix de l'ashram après une fin d'après-midi consacrée une fois encore aux festivités du temple d'Edavanakad (le village le plus proche d'ici) : éléphants gavés de feuilles de bambous et de palmiers pour qu'ils restent tranquilles pendant la célébration, tambours, cymbales et instruments à vent dont j'ignore le nom, musique très répétitive. Oserai-je dire que je commence à m'en lasser mais le swami est si content de nous y emmener, je ne veux pas gâcher son plaisir, et, même si la musique ne m'emballe pas, c'est une belle occasion d'observer ce qui se passe autour, d'échanger quelques mots et beaucoup de sourires surtout avec femmes et enfants. Avec les hommes c'est beaucoup plus délicat, car la place des femmes indiennes n'a rien à voir (dans la majorité des cas) avec celle des occidentales et trop de familiarité pourrait être mal interprétée. La présence du swami nous facilite vraiment les choses, il n'y a, ainsi aucune ambiguité possible car ils respectent trop le swami (beaucoup lui baisent les pieds) pour mal se comporter en sa présence.

Donc, fin d'après-midi au temple, un monde fou, il faut dire que c'est samedi et, comme chez nous, les gens se consacrent plus au loisir ... Il n'y a pas de supermarché, donc pas de chariot à pousser chez Leclerc, Auchan ou Carrefour, alors, on se fait beau et on va au temple : lampes à huile, encens, pétards, les femmes sortent leurs plus beaux saris, les petites filles sont de vraies princesses, les ados (garçons) ont laissé le dhoti de papa au vestiaire et se permettent le jean et les lunettes de soleil, quelques très jeunes enfants que leurs parents approchent de nous (Catherine et moi) se reculent en pleurant, sans doute effrayés par nos yeux clairs et nos "visages pâles" !!!...

Ensuite, le swami nous propose une séance de cinéma : chouette, ça va nous changer des processions et des dévotions au milieu des colliers de jasmin et d'oeillets d'Inde. Un bon petit film, bien Bollywood avec danses, chansons et histoire d'amour qui finit bien, c'est impeccable pour ensuite faire de beaux rêves ! Que nenni ! Il s'agit d"un fim d'action (et quelle action !) dont le réalisateur et acteur principal Kalam Haasan est paraît-il très connu en Inde. La traduction du titre est "La forme du monde", les dialogues sont, pour partie en anglais (le film se déroule moitié à New-York, moitié en Afganisthan), pour partie en Tamoul (langue parlée dans l'état du Tamil Nadu), le tout sous-titré en Malayallam (langue de l'état du Kerala : ceux qui ont suivi depuis le début doivent le savoir ; attention aux interros surprises à mon retour !!!...). De déductions en déductions, j'ai compris qu'il était question de l'infiltration d'un agent du gouvernement indien dans un groupe d'entraînement terroriste en Afganisthan, ceci afin d'éradiquer les méchants terroristes qui tuent des tas d'innocents, empêchent leurs femmes de se soigner, égorgent les gentils soldats américains et mettent en place une machine infernale (j'ai saisi au vol qu'il était question de césium et de plutonium) pour détruire New-York. Le gentil est, au premier abord, un homme efféminé, professeur de danse (aïe les jolis clichés) qui s'avère être un redoutable combattant : à 50 contre 1, même pas peur ! Il saute, vole, casse des bras, transperce des torses, enfonce des yeux, plonge de plusieurs étages passe à travers le pare-brise de sa voiture, pile au moment prévu, demande (assez rudement tout de même, mais y'a de quoi)à sa copine de se pousser, prend le volant (sa voiture est blanche et celle du méchant est noire, au cas où l'on n'aurait pas compris qui est qui ...) et reprend la conversation interrompue par la séance de tabassage qu'il a subie avant de se décider à dézinguer toutes ces brutes d'islamistes ... Côté cliché, le méchant est du même acabit (un t ou pas de t ?) : oeil de verre (ça ne vous rappelle pas quelqu'un ???), cicatrices, cordes vocales endommagées, difficultés à marcher et, à cause de qui, je vous le donne en mille : à cause des américains bien sûr, je vois que vous êtes au courant de la marche du monde !!!... Alors, vous auriez fait comme lui, vous auriez voulu vous venger, mais, bien fait pour lui, sa machine infernale ne fonctionne pas, grâce à l'ingéniosité d'une femme (en jeans celle-là, bien roulée et tout ce qu'il faut là où il faut) qui pose un micro-ondes sur la bombe afin que le déclenchement à distance ne se fasse pas (en tout cas, c'est le fruit de mes déductions). Donc, tout est bien qui finit bien malgré un parcours semé de cadavres de gentils et de méchants et quelques scènes bien "gores" de corps coupés en deux, de mains arrachées, d'enfants calcinés et de mères en pleurs ... Si après ça on n'a pas compris qu'il fallait lutter contre le terrorisme, Kalam Haasan n'a plus qu'à changer de métier. Je me moque, je me moque, mais Silverster Stalone (je ne sais pas écrire le nom de cet acteur de génie), Schwartzeneger et même parfois Tom Cruise sont loin de faire dans la dentelle !

Ma journée avait commencé de manière plus calme : pas de yoga ; j'ai donc fait une belle balade sur la plage (à l'heure où les pêcheurs rentrent), accompagnée des 3 chiens de l'ashram : Tomatchi, le mâle, un vrai guerrier, toujours à chercher la bagarre, à vouloir être le chef, mais affectueux tout de même, Poona la jeune femelle recueillie l'année dernière par Catherine, orpheline et élevée au biberon, Djaki la vieille femelle, assez solitaire, qui semble avoir atteint l'âge de la sérénité et de la sagesse, sauf quand elle nous voit boire du tchai : elle s'assied devant nous et aboie tant qu'on ne lui en a pas versé un peu dans sa gamelle. Puis baignade dans une mer d'huile : je n'ai pas vu les dauphins depuis plusieurs jours, ils ont dû trouver ailleurs un coin plus poissonneux ...  

J'ai sommeil, alors comme dans toute bonne série télévisée, c'est l'heure du "cliff hanger" (le héros est accroché à  la falaise, va-t-il tomber ou s'en sortir ? vous le saurez lors d'un prochain épisode). En ce qui me concerne, pas de falaise, seulement un autre soin original reçu cet après-midi.

Je vous embrasse tous bien chaleureusement.