Bienvenue en Royaume d'Utopie ...

20/03/2013 10:59

 

Auroville 16/03/2013 Midi à la terrasse de la cafeteria d'Auroville

Il y a 2 jours, j'ai découvert le site avec un « tour »organisé par l'office de tourisme de Pondichéry.

Premier aperçu très engageant de la ville universelle imaginée par La Mère :

« Les buts d'Auroville :

Une effective unité humaine

La Paix sur la Terre. »

Pas une mince affaire !!!...

J'ai pourtant bien écouté la présentation mais j'ai déjà oublié quand la 1ère pierre a été posée. Début des années 70 je crois. La Mère a « quitté son corps » peu de temps après … Mais l'oeuvre était sur la voie.

Une urne contient un peu de terre de chacun des 124 pays qui ont offert le terrain pour la construction.

N'étant pas en possession du pass d'accès pour l'intérieur (Inner Chamber) du Matrimandir (énorme sphère dorée, coeur spirituel d'Auroville), je dois me contenter du point de vue extérieur.

Pour y accéder, il faut emprunter un joli chemin de terre rouge à travers les arbres. Chemin ponctué de 12 stèles sur lesquelles sont peintes des fleurs, chacune étant le symbole d'une qualité. C'est naturellement La Mère qui en est à l'origine …

La récompense à l'effort fourni est au bout du chemin : l'apparition progressive de la coupole du Matrimandir, éclatante dans la limpidité du ciel bleu, d'abord masquée par quelques branches, puis révélée dans sa parfaite nudité … Posée dans un immense espace d'herbe et de pierre rouge, comme un vaisseau futuriste prêt à prendre son envol …

Je l'admets, je suis « baba » ! Pour l'architecture bien sûr, mais aussi parce que je ne m'attendais pas à ressentir, à ce point, une réelle « présence »...

Je ne peux pas en rester là, je décide donc de revenir en espérant qu'il y ait encore de la place pour les jours à venir.

Youpi ! La Mère est avec moi : je peux obtenir un pass pour une visite et une séance de méditation dans le « ventre » (le terme est de moi je le précise car je ne sais pas du tout si cette notion-là a été intégrée à la construction, mais pour moi, l'évocation s'est imposée) du Matrimandir.

Voilà d'où je viens au moment où j'écris dans mon inséparable cahier.

Ce matin, départ à la fraîche en autorickshaw : ½ h de trajet à travers ville et campagne. Peu de circulation, c'est tellement rare que ça vaut la peine d'être souligné ! Les petits troupeaux de chèvres occupent encore une partie de la chaussée, pas encore décidées à se mettre en route, les vaches ont commencé leur exploration éboueuse, les écoliers tirés à 4 épingles, parfaitement coiffés attendent le bus … J'apprécie la fraîcheur de l'air sur ma peau, je suis impatiente …

Déposée au parking, je suis absolument seule, première visiteuse … Il n'y a pas de grille, j'entre, je m'installe un moment près d'un bassin d'où émerge une fleur blanche de nénuphar. Hormis les chants d'oiseaux, c'est le silence … Je le déguste, j'en suis tellement privée depuis 2 mois …

Peu à peu le lieu s'anime, je peux boire unvrai bon café bio avec du vrai sucre intégral bio (Ah! On ne perd pas comme ça ses habitudes de nanti …).

Puis, projection du DVD de présentation d'Auroville : frissons à l'écoute de la voix de La Mère (cela m'a vraiment prise au dépourvu …) : « Il devrait y avoir quelque part sur la terre un lieu dont aucune nation n'aurait le droit de dire : « il est à moi » ; où tout homme de bonne volonté ayant une aspiration sincère pourrait vivre librement comme un citoyen du monde ... ». Cette citation est extraite du rêve de La Mère, elle date d'août 1954.

Ensuite, un petit bus nous attend pour quelques minutes de trajet. A l'arrivée un « guide » nous prend en charge.

Dépôt des sacs, appareils photos, téléphones. J'apprécie d'être ainsi délestées de ces objets auxquels trop souvent nous nous soumettons. Ce n'est pas si évident que ça d'avancer les mains nues …

Légers donc, nous suivons le guide jusqu'à l'ombre d'un arbre où il retrace à grands traits l'histoire d'Auroville en insistant sur le fameux rêve de La Mère qui en est à l'origine. Pour ceux que cela intéresse, j'ai acheté un petit livre que vous pourrez consulter à mon retour.

La recommandation n°1 est le silence ABSOLU …

Enfin, nous nous mettons en route pour le « Saint des Saints » …

Le mot « procession » prend tout son sens : une file silencieuse et concentrée avant dans un espace dépouillé (herbe rase et fleurs à courtes tiges n'entravent pas le regard). Une allée de pierre rouge descend lentement vers l'entrée. Nous entrons pieds nus et, assis sur des serviettes immaculées, nous enfilons une paire de chaussettes tout aussi immaculées … Tout est parfaitement réglé pour que la procession ne se disperse pas …

Puis commence une douce ascension, en colimaçon, sur de la moelleuse moquette , vous l'aurez deviné … immaculée … Sur les parois de la sphère, à intervalles réguliers, des rigoles dorées, en pente, laissant couler de l'eau, indéfiniment … J'imagine bien comme ça la montée vers le paradis … Enfin, arrivée au « coeur » : une grande salle ronde structurée par 12 immenses piliers de marbre blanc. Deux cercles de coussins blancs sont posés autour de la salle. Chacun s'installe sur un de ces coussins, face à un énorme globe de cristal (le plus gros du monde : 70 cm de diamètre) posé au centre de la pièce. Ce cristal reçoit un faisceau lumineux, venu à travers un autre cristal situé dans l'ouverture du plafond de la sphère, créant ainsi un pilier central de lumière, vivant …

L'effet est saisissant ! Je suis subjuguée (je pèse mes mots), à nouveau submergée par l'émotion …

Jamais de ma vie je n'ai connu un tel silence, véritablement un silence « assourdissant » (je ne sais plus de qui est cette expression) … et l'envie que cela dure toujours !

Mais, il faut se lever, reprendre la procession à l'envers (en descendant c'est bien aussi …), rendre ses chaussettes et retrouver la « vraie vie » …

Petit détour tout de même près de la fleur fontaine centrale : pétales de marbre blanc en pente vers un coeur de cristal, animés par l'eau qui s'écoule en continu. Murmure de l'eau, reflets irisés, encore un « p'tit coin d' paradis » (sans « un coin d' parapluie »)…

La visite se termine sous le grand banyan (centre géographique d'Auroville). Je m'attarde longuement contre plusieurs de ses troncs, espérant capter une part de l'énergie de cet arbre formidable …

Je m'éloigne à regret, le Matrimandir échappe à ma vue, mais qu'importe … ce que j'ai vécu là est inscrit en moi, indélébile …

Et je terminerai sur une autre citation extraite du rêve de La Mère :

« … Un lieu de paix, de concorde, d'harmonie, où tous les instincts guerriers de l'homme seraient utilisés exclusivement pour vaincre les causes de ses souffrances et de ses misères, pour surmonter ses faiblesses et ses ignorances, pour triompher de ses limitations et de ses incapacités ... ».

Je vous embrasse.  

PS J'ai ajouté 2 pages de photos à la galerie : des fleurs d'Auroville et, of course, le MATRIMANDIR 

Je suis à Mamallapuram et l'internet est paresseux !