Pondichéry 27/02/2013

Je suis arrivée cet après-midi. Internet retrouvé, youpi !

Ci-dessous article enregistré à Kodaikanal + photos.

J'en ai d'autres en réserve ...

Bises à tous et merci à tous ceux qui m'ont enoyé des mails, j'y répondrai au plus vite. 

Kodaikanal 24/02/2013

Comme je le craignais, impossible d'avoir une connexion internet à Kodaikanal !

Je suis donc arrivée hier après un trajet en bus relativement confortable … J'ai eu la chance d'avoir un chauffeur pas trop kamikaze ! A la gare routière de Madurai, 2 vieux messieurs charmants se sont mis en 4 pour m'indiquer le bon bus et ne m'ont pas lâchée tant que je n'étais pas installée … Peu d'échanges avec mes 2 voisines ne parlant pas anglais : quelques sourires et quelques remarques que je n'ai pas comprises à propos de mon appareil photo ; elles n'ont pas voulu que je les photographie, trop intimidées … Lorsqu'elles sont descendues, d'autres sont montées, elles étaient 3, l'une d'elles me poussait carrément de ma place pour s'y mettre, j'ai dû poliment mais fermement résister (je voulais garder un oeil sur mon sac à dos), elle s'est donc installée ailleurs … Aux guichets de gares, c'est pareil, si on se laisse faire, personne ne se gêne pour passer devant … La 1ère fois, j'ai laissé une distance (ce qu'on appelle chez nous « distance de courtoisie ») avec la personne qui me précédait, tout le monde s'y engouffrait malgré mes regards furibonds !!!... Au guichet, il y en a même qui passaient leur main sous mon nez avec leur argent pendant que j'achetais mon billet … Là encore : la jungle, la loi du plus fort !

Une fois traversées les plaines : rizières, palmeraies, bananeraies, la route qui monte dans les Ghats est magnifique et, évidemment très sinueuse (j'ai dû prendre un petit comprimé car je commençais à me sentir « barbouillée » …) ; végétation luxuriante : forêts d'eucalyptus immenses (je n'en ai jamais vu d'aussi grands) bordées d'imposants aloès, pins, euphorbes (en tout cas ça y ressemble) et, de temps à autres, au milieu de toute cette verdure, quelques taches rouge vermillon de fleurs dont j'ignore le nom (je joindrai une photo prise au bord du lac ce matin et peut-être l'un de vous la reconnaîtra-t-il ), abondance de poinsettias (elles sont beaucoup vendues en France au moment de Noël : plantes vertes dont les fleurs, en forme de feuilles sont rouges (photo aussi) et j'ai eu aussi le plaisir d'apercevoir quelques oiseaux : sans doute des perruches d'un beau vert vif. C'est génial de les découvrir dans leur milieu naturel …

Plus on montait et plus l'air était frais (j'ai dû m'envelopper dans un paréo), j'avais l'impression de réapprendre à respirer !

Gare routière à 2 pas de mon hôtel, ouf, car mon sac est lourd (il n'y a pourtant pas grand chose de plus qu'à mon départ, mais je crois que j'ai perdu un peu de résistance …).

Kodaikanal est un lieu de tourisme très fréquenté par les indiens, surtout pendant les week-ends, j'ai donc dû attendre un sacré bout de temps avant qu'on s'occupe de moi d'abord (formalités) puis qu'on nettoie ma chambre … Assise dans le hall, je me protégeais du froid autant que possible (ah ! Je l'ai voulue la fraîcheur et bien je l'ai eue …) et j'avais surtout hâte de manger (le petit déj était loin et je n'avais mangé que quelques fruits …).

Chambre apparemment confortable malgré la fenêtre sur rue principale très animée, mais lorsque je me suis assise sur le lit, j'ai déchanté : en fait il n'y a pas de matelas, seulement une sorte de revêtement de tissu alvéolé de 2 ou 3 cm d'épaisseur sur un sommier métallique très très ferme : parfait pour mes lombaires !!!...

Par contre, le luxe inattendu c'est la bonne eau très chaude de la salle de bains ! Heureusement car la chambre est vraiment froide la nuit : 3 épaisseurs de couvertures (qui ont dû connaître la colonisation anglaise et rencontrer quelques mites ! ) et ma polaire, et des chaussettes, ont tout juste suffi à me réchauffer … Au réveil, j'avais le nez frais et le dos en vrac ! Ce sera pareil demain matin car je passe encore une nuit ici.

Couchée tôt, après une nuit calme, et réveillée tôt (sans musique, ni appel à la prière, ni klaxons …), je suis partie à la recherche d'un petit-déj non indien ! Mission impossible, le « Pastry Corner », conseillé par le guide était encore fermé … et ce matin : curry, non merci ... Tchai donc et il me restait une mandarine de la veille.

Grande balade (5km) autour du lac, à la fraîche, belle végétation là aussi, splendides propriétés sur les versants des collines surplombant le lac, quelques joggers et cyclistes, beaucoup d'amoureux, mais rien à manger, toutes les échoppes fermées, mais pourquoi ??? … Trop tôt sans doute, et, en plus, je croyais que c'était samedi et c'est dimanche, donc le rythme est différent …

Ma fameuse « capacité animale d'adaptation » devait être en berne ce matin car, voulant prendre des raccourcis, je me suis fourvoyée à plusieurs reprises … Enfin remise sur le droit chemin, j'ai dégotté un vendeur de mangues qui m'a sauvé de l'hypoglycémie …

Au retour le « Pastry Corner » était ouvert et pris d'assaut : un p'tit sandwich aux oeufs brouillés, un autre à la coriandre fraîche (là, j'ai regretté car il y avait aussi une bonne dose de piment vert …), une petite part de pizza (excellente mais bien relevée aussi), un muffin au chocolat et 2 vrais bons cafés !!!... Heureuse et repue ! J'ai repéré un « Domino's pizza », ne me dénoncez-pas mais je crois que j'irai ce soir ...

Là, je vis une parenthèse (que j'espère très temporaire) de saturation de nourriture locale, pour ne pas dire parfois même de dégoût … Les cartes sont souvent très longues et variées mais le choix très limité et les serveurs ne sont, la plupart du temps, pas capable d'expliquer les plats , donc je reviens toujours un peu aux mêmes choses ou alors, c'est la surprise, et pas toujours la bonne surprise … Et il y a des moments où l'absence totale d'hygiène me perturbe plus qu'à d'autres moments … C'est un sujet de conversation inévitable avec tous les occidentaux que j'ai rencontrés, la conclusion est qu'il y a un colossal boulot d'éducation dans ce domaine : j'ai rarement vu quelqu'un mettre ses déchets dans une poubelle, même si elle est sous son nez … Quand le bus a parcouru la plaine avant de prendre la route de montagne, on pouvait voir d'immenses étendues de terre recouverte de déchets plastique, là où normalement on aurait pu voir de l'herbe ou des cultures, c'est effarant... Les crachats, c'est n'importe où, n'importe quand, les rots idem, les besoins (hommes seulement) pareil, le nettoyage des tables au resto, il vaut mieux ne pas regarder le chiffon et la liste n'est pas exhaustive …. Je ne veux pas noircir le tableau, mais vous l'aurez senti, je suis dans une phase quelque peu négative …

Cet aprem, j'ai fait une jolie promenade sur un chemin qui surplombe la vallée et la ville : plein de mimosas en fin de floraison, encore des eucalyptus et des cupressus (genre de pins) à foison, des agapanthes (comme à l'île de Bréhat !!!...), malheureusement beaucoup trop de brume pour bien profiter de la vue. J'y retournerai demain pour le lever du soleil. Quelques rencontres sympas avec des familles curieuses de mon origine et … de ma religion ! C'est une question souvent posée et, les musulmans et chrétiens, plus que les hindous précisent leur religion sans qu'on leur demande (peut-être parce qu'ils sont minoritaires).

Demain après-midi, je prends le bus pour Trichy ( 866 354 habitants, 5 h de trajet pour environ 150 km à l'est et retour à des températures plus indiennes !) c'est le centre géographique du Tamil Nadu.

Bises à tous et … haut les coeurs !!!...   

En écrivant le titre de cet article je me suis dit qu'il résumait bien ce que j'ai ressenti, selon les moments, pendant ces quelques semaines passées en Inde. J'aurais aussi pu dire (je crois l'avoir déjà évoqué) :« entre attirance et répulsion », ou « entre sérénité et violence » … Intéressant de voir comment cela va évoluer pour moi au fil du voyage.

Mais revenons au concret du jour :

La terrasse de l'hôtel Suprême (ordinaire malgré son nom) est au 6ème étage et offre une vue magnifique sur la ville et le temple. Un bon petit vent frais y soufflait ce soir, éloignant les moustiques et reposant de la canicule du jour … J'y ai dîné en compagnie d'un couple de français d'Aix-en-Provence : échanges d'anecdotes et de bonnes adresses. Repas simple et savoureux : raïta d'oignons et riz kashmiri (avec ananas, raisins frais et sec, noix de cajou et petite sauce aigre) et, un bon thé massala (épicé) pour finir : le tout pour environ 2 € ... J'apprécie vraiment ces échanges car ceux que je peux avoir avec les indiens restent superficiels.

Parenthèse qui n'a rien à voir : je ne sais pas si on en a parlé en France, mais ici la une des journaux de ce matin était sur 2 attentats terroristes à Hyderabad (Andra Pradesh, très au Nord de Bengalore).

Visite du Temple ce matin donc : immenses et impressionnantes ces hautes tours recouvertes de milliers des sculptures colorées de dieux, déesses et démons de toutes sortes … Foule colorée également : dévotion front au sol, dépôts d'offrandes (nourriture, fleurs), petites bougies alimentées au ghee (beurre clarifié), statuettes aspergées de lait et colorées de poudres rouges, jaunes que l'on se passe ensuite sur le front … j'ai passé autant de temps à regarder l'architecture qu'à observer les gens. Puis, comme eux, à l'heure du repas, je suis allée à l'échoppe acheter quelques en-cas : riz enveloppé dans une feuille de bananier, beignet sucré, petite boule jaune de je ne sais quoi, sucrée aussi et épicée à la cardamome. Un petit régal qui m'a redynamisée pour la suite de la visite ...

Repos à l'hôtel à la fermeture du temple : une douche fraîche, quel bonheur !

Ce matin : petit déjeuner avec bon café noir, toasts avec mauvaise confiture chimique, corn flakes, fruits et jus de fruits frais. J'ai apprécié parce que je sature un peu des curries et dhal du matin …

En fin d'après-midi, j'ai repris la découverte de la ville, m'égarant parfois dans des ruelles épargnées par la circulation. J'y ai rencontré des vaches paisibles (pas trop maigres), des vendeuses de magnifiques légumes, des éclopés, des infirmes, une échoppe glauque où l'on tuait un poulet, une autre qui empestait le poisson séché, et, partout, des femmes assises au sol fabricant des guirlandes et des parures de fleurs. Fleurs pour le temple, pour les chevelures, pour les voitures, les motos, les rickshaws, fleurs protectrices … Femmes parfois très âgées (en apparence au moins) à l'air épuisé mais fabricant leurs colliers avec une dextérité et une rapidité étonnantes … Une véritable industrie !

Alors que j'avançais dans cette jungle urbaine, j'ai soudain ressenti une impression bizarre et très excitante : la sensation d'une acuité redoublée de tous mes sens, d'une espèce d'animalité retrouvée, comme un instinct de survie alors que la nuit allait tomber … Après quelque cafouillage, j'ai parfaitement repéré tous les détails qui m'ont mise dans la bonne direction. Cela peut vous paraître exagéré, mais pour moi c'est la satisfaction de voir en oeuvre ma capacité d'adaptation en territoire inconnu …

Cependant, je sais que pour la suite, je vais éviter au maximum de séjourner dans les villes : trop de bruit, de poussière, de bousculades … Je veux me préserver et rester en forme pour bien profiter du temps qui me reste ici. Les français avec qui j'ai dîné tout à l'heure ont fait une semaine d'allergie à la pollution (la moitié de leur séjour !!!...).

Je pars donc demain pour Kodaikanal (32969 habitants, 2100 m d'altitude) dans les Ghats occidentaux. C'est à 120 km de Madurai (au Nord), il n'y pas de train pour cette destination, je prends donc le bus (4 à 5 h de trajet) et je fais confiance à tous les Dieux et Déesses, rencontrés au temple aujourd'hui, pour me protéger … Je vais pouvoir profiter de l'air frais de la montagne et d'une belle nature revigorante … J'ai pu facilement réserver une chambre d'hôtel, c'est la basse saison, il n'y aura donc pas trop de foule. Je déciderai sur place de la durée de mon séjour.

Si vous ne recevez pas de nouvelles dans les jours qui viennent c'est que l'internet n'a pas franchi la montagne …

Je vous embrasse.

Madurai le 22/02/2013

Je profite du bon fonctionnement d'internet pour vous envoyer plus de photos que d'habitude : elles sont de Kanyakumari, je n'ai pas encore transféré celles de Madurai sur mon ordi. Je viens de rentrer à l'hôtel après une matinée au temple Sri Meenakshi : fabuleux mais épuisant (foule et chaleur, oui, je sais ce n'est pas ici qu'il fallait venir pour la tranquillité et la fraîcheur !!!...). Traverser la rue, c'est l'enfer assuré, je me met près de quelqu'un et passe en même temps, je fais confiance !!!... La ville compte plus d'un million d'habitants, je ne sais pas comment les gens résistent à ce vacarme, cette poussière, cette "violence" de chaque instant dans les rues ... La force de l'habitude sans doute, mais j'en ai croisé beaucoup qui n'avaient pas l'air au top de la forme (doux euphémisme !), surtout des personnes âgées. 

A plus tard pour ma visite de Madurai.

Bises.