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Météo et littérature ... Photos : galerie aérée et entrée de la guest house

07/03/2013 12:16

 

Pondichéry 06/03/2013

Il doit être autour de 12h30. Raffut indescriptible : cris d'enfants à la sortie de l'école, moteurs, klaxons, croassements d'innombrables corbeaux (c'est une constante dans tous les lieux d'Inde où je suis passée … Impossible de na pas penser au film d' Hitchcok !).

La femme de chambre vient d'essayer de me faire la conversation, en tamoul, je n'ai pas compris grand-chose, sinon qu'il était question d'argent : elle gagne 4000 roupies/mois, environ 58€ ; la cuisinière en gagne 7000 et le garçon qui fait le ménage et l'accueil 5000 (1€ = 70 roupies). Je sens bien qu'il y a une sollicitation là-derrière mais je ne peux pas y répondre … Pour elle, évidemment, je suis riche, comme tous les occidentaux qui passent par là … En moins d'une semaine, on dépense son salaire mensuel rien que pour la chambre, alors comment lui expliquer !!!...

Je suis rentrée de ma balade matinale juste avant le « déluge » … J'étais sortie sous une pluie fine, plutôt rafraîchissante … Autre aperçu de la ville : des flaques partout (les chiens pourront boire !), cyclistes et mobylettes avec parapluies, corbeaux se baignant avec délices dans les flaques de la terrasse d'en face, sourires des habitants appréciant ce « beau temps » inespéré en cette saison … (beau temps, mauvais temps, encore 2 visions du monde bien relatives …).

Petit tour à la bibliothèque Romain Rolland, je suis en panne de lectures. Il y a bien un rayon « Français », mais il est en plein effondrement … Les livres ne doivent jamais être empruntés, la poussière les recouvre peu à peu, ils sont en très mauvais état. J'ai pu repérer Dumas, Maupassant, Vian, Sagan, Troyat … Impossible d'emprunter car je ne possède pas de carte …

Re déluge, c'est impressionnant : l'eau qui coule des gouttières est boueuse, il n'y a pas grand-chose d'autre à faire que de s'attarder à contempler cet immense rideau de pluie oblique qui couvre la ville … Les feuilles des arbres, débarrassées de leur poussière semblent plus vivantes. Les petits écureuils dont, la 1ère fois, j'avais pris les cris pour des pépiements d'oiseaux, s'en donnent à coeur joie, se poursuivent sur la balustrade, sautent de muret en muret d'une terrasse à l'autre, escaladent les cloisons, redescendent et s'enfuient à bride abattue lorsqu'ils m'aperçoivent …

Parenthèse météo terminée, revenons aux livres …

Je viens de terminer « Flash » de Charles Duchaussois, publié en 1971. L'épopée hippie de Katmandou était alors sur le déclin …

Je me souviens avoir commencé ce livre vers la fin des années 70 et l'avoir vite lâché … Je sais maintenant pourquoi je n'avais pas pu le lire : monde de déchéance, de violence, de trahison, de lâcheté, de souffrance extrême, d'auto-destruction, de mort, de bassesses, de crasse infâme, de misère absolue où l'espoir de s'en sortir un jour est un point macro-microscopique dans les cerveaux détraqués et asservis par la drogue.

Témoignage brut, sans fioritures, sans concessions, sans auto-apitoiement, sans tentative de justification d'un homme qui est revenu des portes de la mort !!!...

Livre intéressant aussi car il démystifie un aspect peu glorieux de cette époque « Peace and Love ».

A mettre entre toutes les mains de ceux qui sont tentés par « Le Grand Voyage » …

Je vais me mettre à la recherche de la Librairie française et tâcher de trouver quelque chose de plus léger …

Excepté un livre de la collection Harlequin (je n'ai rien « contre » mais je n'ai rien « pour » non plus …), ici, les livres laissés par les voyageurs de passage sont en allemand, chinois ou anglais.

Il faut que je me penche aussi sur le programme culturel de l'Alliance Française qui propose, en ce moment un festival Albert Camus (ce n'est pas bien original mais Camus je ne m'en lasse pas …), un festival du film français et un café littéraire. A voir !

Petites chroniques de la vie ordinaire ...

06/03/2013 15:25

 

Pondichéry 05/03/2013 

Oui, chroniques de la "vie" et non de la "haine" ordinaire comme se plaisait à le dire Pierre Desproges ...

« Ciel bas et lourd » : décidément les réminiscences s'imposent … On n'échappe pas à sa culture ; en l'occurrence le « Spleen » de ce tourmenté de Baudelaire (si bien chanté par Léo Ferré) que j'ai tant aimé quand je traversais mes périodes « romantique désespérée », « no future », « black is black » !!!... Je disais donc « ciel bas et lourd » ce matin mais, faut pas rêver, il ne pleuvra pas … Je suis bien installée sur ma galerie d'après-midi, celle ou coule un petit vent frais venu de la mer … Manque de pot : un bulldozer a choisi ce moment particulier pour venir faire un brin de nettoyage dans ma rue … Le camion benne qui récupère les déchets est là lui aussi, normal … et, chaque pelletée vidée par le bull m'apporte … senteurs nauséabondes et … poussière, grâce au fameux petit vent frais !!!... J'espère qu'ils vont faire vite …

Tout à l'heure, discussion avec Achille, l'organisateur de la tournée « Clowns sans frontières ». C'est la 1ère fois qu'il organise ce type de tournée en bénévolat (c'est son métier en France). Il me disait qu'au moment où l'opportunité s'est présentée, il était en pleine période de « remise en question existentielle » … Cette expérience l'a vraiment aidé à retrouver ses priorités et il va tout à fait bien. Ce matin la troupe a fait un spectacle musical à l'orphelinat où se trouve la petite Rose (dommage que je ne l'ai pas su !), lui, a été incapable de rester et, les comédiens, pourtant habitués à jouer dans les hôpitaux, sont tous sortis en pleurant ...Les réactions des enfants étaient infimes mais l'échange était tout de même perceptible et profond … Hier, je parlais d'art thérapie ! Sans art et sans amour nous ne sommes que des survivants ! (Vous m'en ferez 4 pages minimum sur le sujet, je ramasse les copies la semaine prochaine !!!...).

Sur mon chemin après déjeuner, je croise une vieille chienne pas très vaillante : elle cherche à boire, elle lèche les minuscules flaques d'eau puante qu'elle rencontre … J'ai une bouteille d'eau mais pas de récipient et elle s'enfuit quand j'approche d'elle (elle ne doit pas avoir d'excellents contacts avec le genre humain !). J'avise un seau (vous aurez remarqué le terme très « châtié », parfaitement adapté à la scène que je décris …), pas très propre, mais acceptable dans une telle situation … J'y vide donc une partie de ma bouteille et m'éloigne. La chienne revient, boit et me laisse même lui incliner le seau pour finir... Un jeune homme, bien élégant, bien propre sort de la bijouterie devant laquelle je suis arrêtée et crie pour chasser la chienne … Elle s'enfuit évidemment, il me dit quelque chose que je ne comprends pas et retourne dans sa boutique. La chienne revient, je lui remets de l'eau, mais elle n'a pas le temps de finir. Le furieux de tout à l'heure ressort de sa niche climatisée (c'est lui le chien !...) et m'explique que le seau lui sert à nettoyer sa vitrine … « Et alors ?» que j' lui dis dans mon anglais le plus sophistiqué, « elle est propre mon eau, elle ne va pas salir votre seau !!!... » Il me toise et va vider le reste d'eau dans le caniveau dégoûtant !!!...

Incommunicabilité. Quand 2 visions du monde s'affrontent … Là aussi vous pourriez m'en faire 4 pages sur le sujet, mais je n'aurai pas le temps de corriger les copies alors ça peut bien attendre mon retour …

Je vous embrasse.

 

 

Entrée du théâtre, Barbe à papa sur la plage, Mimi en rickshaw, clin d'oeil théâtral ...

05/03/2013 06:37

Art thérapie ...

05/03/2013 06:26

 

Pondichéry 04/03/2013

Une troupe franco-indienne de « Clowns sans frontières » s'est installée hier à la guest house. J'ai parlé avec Achille, le directeur et il m'a proposé d'assister à leur spectacle dans un orphelinat de garçons en ville. J'y suis donc allée cet après-midi, je suis arrivée en pleine séance de « cinéma » (Tom et Jerry projeté sur le mur défraîchi d'une grande salle où les enfants sont assis sur le sol de ciment). Je suis accueillie par un couple, de mon âge, je reconnais tout de suite leur charmant accent belge (de Bruxelles). Ils passent 6 mois par an à Pondichéry et consacrent une partie de leur temps aux orphelins. Puis, c'est l'heure du goûter, offert par le couple : viennoiseries et chocolat chaud (le chocolat vient de Belgique, il a été offert par le chocolatier « Jacques »(peut-être mes petits belges préférés le connaissent-ils ???). Le chocolat est excellent. L'ambiance me rappelle un peu celle des colonies de vacances (ou des pensionnats mais je ne l'ai pas vécue) des années 50. Il y a même une monitrice avec une baguette de bambou et elle n'hésite pas à s'en servir … Je ne peux rien dire, mais ça me démange !!!...

Ah ! Ces enfants-là sont loin d'être blasés ; je les regarde manger , ils dégustent chaque miette !

Puis le spectacle de clowns commence : 5 personnages (3 français, 2 indiens) réellement virtuoses et polyvalents : musique, acrobaties, magie, poésie, références artistiques (la moustache de Charlot, peut-être pas connue des petits indiens …), bagarres, coups de pieds aux fesses, courses poursuites, timidité amoureuse … Du grand art, vraiment. Je m'amuse beaucoup et je me régale de la qualité d'attention de tous ces enfants, subjugués … Participation très sérieuse, comme au théâtre de Guignol quand les enfants préviennent le héros que le gendarme arrive par derrière … Rires salvateurs, générosité des comédiens qui se donnent à fond …

Lors d'un tour de magie une comédienne fait disparaître de sa main un mouchoir. Elle appelle un enfant sur la scène et … sort le mouchoir de son oreille !!!... le petit retourne s'asseoir et, je l'ai vu, pendant un bon moment, se mettre le doigt dans l'oreille, cherchant à comprendre, sans doute, comment s'était produit ce « miracle » …

Après le spectacle, les enfants balaient la pièce car c'est leur dortoir. Ils y installeront leurs nattes pour la nuit. La femme belge (une ex psycho-pédagogue qui forme un peu le personnel enseignant de ces institutions) m'expliquait que tous ces enfants ne sont pas orphelins, certains sont là car leurs parents n'ont pas les moyens de s'en occuper, ils restent donc en « pension » et rentrent de temps en temps chez eux. Ils ont ainsi au moins le gîte, le couvert et l'école … Nous parlions aussi des infirmités souvent rencontrées dans la rue : elle me disait qu'elles étaient souvent dues à des avortements ratés, à des accouchements problématiques, à des consanguinités assez fréquentes, voire hélas encore à des mutilations volontaires ... Que deviendra la mignonne petite Rose ???...

Du spectacle encore : hier soir le hasard a bien fait les choses ! Rue Romain Rolland, je me suis arrêtée devant une affiche à l'entrée du « Pathé-Ciné familial » avec son bel emblème de coq. Il s'agissait de théâtre : mise en scène contemporaine d'une partie du Mahabarata (La grande Légende Indienne) intitulée Kunti-Kama , en anglais : combat fratricide entre le fils illégitime (abandonné par sa mère au fil de l'eau du Gange, ça doit vous rappeler quelque chose ???...) et le fils légitime. Deux acteurs seulement (l'un d'eux joue également la mère). Un mur nu éclairé par de petites lampes à huile , un grand bassin plein d'eau (c'est le Gange) d'où émerge soudain le personnage trempé, un immense morceau d'étoffe blanc pend du plafond et permet de remarquables acrobaties. Superbes combats d'art martial : le blanc et le noir s'affrontent, torses huilés ou ruisselants mettent en valeur la musculature … Quelques déclamations magnifiques de violence et de désespoir et le silence … habité … vivant …

Quelle chance j'ai eue de passer par là juste avant le début de la représentation. J'y ai d'ailleurs sympathisé avec une française (de passage elle aussi) de Versailles, artiste peintre. Elle vend ses tableaux. Allez, je lui fais un peu de pub bien que n'ayant encore rien vu de ses oeuvres : vous pouvez aller sur son site : www.corinnegodat.com

En ce qui concerne le metteur en scène de la pièce, il s'agit de Koumarane Valavane (il parle couramment français), il est directeur de l'Indianostrum Theâtre et a eu l'occasion de travailler en France avec Jean-Claude Carrière. Site du théâtre : www.indianostrum.org

Rose verte ...

04/03/2013 08:34

 

Pondichéry 0 3/03/2013 

Guillerette ce matin je me dirige vers la belle terrasse de Kasha ki aasha (photo avec le grand récipient couvert d'oeillets d'Inde jaunes vif et 3 fleurs violettes au centre) pour un bon petit déj' …

Je connais le chemin, mais j'ai envie d'explorer d'autres ruelles alors je bifurque …

Tiens, une photo de Mère Theresasur une maison (ce n'est pas rare, elle est très vénérée en Inde où de nombreuses institutions portent son nom). Je m'attarde quelques secondes à l'entrée. Une religieuse, souriante, me salue et m'invite à entrer …¨Pourquoi pas ! Je monte à l'étage, je ne sais pas trop à quoi m'attendre … Choc : une grande pièce claire et très propre, de nombreux lits à barreaux occupés par des enfants auxquels il est difficile de donner un âge. La plupart sont déficients mentaux et les autres ont des infirmités physiques. Une toute petite fille pleure dans les bras d'une femme assise en tailleur au sol (ce n'est pas sa mère, tous sont orphelins), je m'aperçois que la petite a une excroissance énorme au milieu du dos ; elle est inconsolable … Je passe d'un lit à l'autre, parlant à tous ces bouts d'chou aux yeux grand ouverts sur ??? Certains répondent à mes mots et à mes sourires, réagissent à mes caresses, la plupart restent isolés dans leur univers …

D'autres sont attachés à des chaises, indifférents, en apparence, au monde environnant.

Une fillette (6mois environ je pense)est à plat ventre dans son lit, elle voudrait bien lever la tête plus haut, changer de position, elle y met beaucoup d'énergie … Je l'assieds : satisfaction, babillements, sourires … Puis, je la prends dans mes bras et la promène dans la pièce … Elle s'appelle Rose, elle porte une jolie robe verte à volants pailletés d'argent … Je parle un peu avec les femmes qui donnent les soins, c'est difficile, elles ne connaissent que quelques mots d'anglais …

Je remets la petite Rose dans son lit … Je ne peux plus m'attarder … Au revoir furtif … Vite, mes lunettes de soleil ...

Je n'ai plus faim, tant pis ! De toutes façons, lorsque j'arrive à destination, le resto est fermé … Et oui, c'est dimanche, j'avais oublié …

Bises à tous, avec une tournée supplémentaire à tous mes p'tits loups, tellement plus chanceux que la petite Rose ...

 

"Splendeur et misère ..."

03/03/2013 07:15

 

Pondichéry 03/03/2013

C'est fou ce que ce pays peut me susciter comme émotions ! Je ne pense pas être hypersensible, peut-être est-ce dû à la fragilité liée à ma solitude en territoire inconnu, je reçois tout de plein fouet !!!...

Hier donc, lors de ma balade au crépuscule le long de la mer, je me suis arrêtée devant le Monument des Combattants des Indes Françaises Morts pour la Patrie en 1914-1918, curiosité, banale statue de soldat … Un chien était roulé en boule, loin de l'agitation, au pied de la statue... Ce chien, à cet endroit-là, exprimait pour moi toute la solitude du monde. Dérisoire et unique lieu de paix en cet instant : un lieu dédié aux morts !!!... Paix impossible avec les vivants ??? Ce n'était plus seulement un chien, mais le symbole de la misère universelle …

Je l'ai déjà dit je crois : je vis ici de tels contrastes que, d'une seconde à l'autre, se succèdent en moi enthousiasme et abattement … Splendeur d'un lever de lune sur la mer de Bengale (Les « Mille et une Nuits », je m'y crois …) et pleurs d'enfants minuscules, livrés à eux-mêmes sur la poussière du trottoir … Je voudrais tous les consoler, leur raconter une histoire avant de les embrasser dans leur lit … Enfants de riches dans des des voitures climatisées, gras, gavés de chips et de sodas, au regard blasé et condescendant … Adorables petites « gitanes », joyeuses et pimpantes, vendant de jolies aumônières de tissus multicolores et brillants … Motards body-buildés en jeans et Rayban, conducteurs de rickshaws squelettiques et dépenaillés … Luxe des demeures coloniales restaurées, horreur des taudis de tôle et de plastique … Fraîcheur enivrante des fleurs de jasmin, puanteur des poubelles éventrées par les chiens et appréciées des vaches et des corbeaux … Joggers américanisés arpentant la plage (d'ailleurs fort cracra, on ne s'y baigne pas), le MP3 vissé à l'oreille, estropiés mendiants (moins rapides que les précédents !!...), allez, un peu d'humour noir, je sens que l'atmosphère s'alourdit, je ne veux pas perdre mon lectorat … Si vous le souhaitez, à vous de gamberger !!!...

Je vous embrasse.

Messe au Sacré-Coeur

03/03/2013 07:04

"2 époques s'affrontent" et "Mandala en cours" à Trichy

03/03/2013 06:53

Nourritures terrestres et nourritures spirituelles ...

03/03/2013 06:44

 

Pondichéry 02/03/2013 

Si je tenais le chien qui a aboyé des heures cette nuit alors que tout était parfaitement silencieux !!!

Mes « chuuuut », tais-toi », « vas couché », n'ont rien changé à l'affaire (encore un anglophone !) !

De guerre lasse, j'ai fini par me rendormir. Manifestement, lui, dormait lorsque je me suis levée …

Non, pas de petit déj' grand luxe ce matin. Je choisi un autre lieu, « Le Café » sur la promenade face à la mer. Il est à peine 8h, les rues commencent à s'animer. La mer est éblouissante, normal, c'est l'est ; quelques barques de pêcheurs montent et descendent au gré des énormes vagues ...

J'ai le temps de les observer car le service est d'une lenteur … corse ou ...espagnole (dans les années 60) !!!... J'ai aussi le temps de décortiquer la carte et même, si je veux, de l'apprendre par coeur …

Joie, bonheur, santé : le chef des serveurs en personne vient prendre ma commande !

Déception n°1 : on ne peut plus griller de toasts (panne de grille pain dès le début du service ???) ; je ne demande pas pourquoi, je veux manger …

Déception n°2 : il n'y a pas de café (dans un lieu qui porte ce nom, c'est un comble), je ne demande pas pourquoi, j'accepte le banal thé en sachet que j'agrémenterai de lait …

Déception n°3 : il n'y a pas de lait non plus … Ne demandez pas pourquoi ou je vous mords !!!...

Je respire calmement (vive la sophrologie et le yoga …), j'hésite à partir, non, je ne veux pas me refaire un parcours du combattant à jeun …

J'ai encore le temps d'observer alentour : je ne suis pas la seule logée à cette enseigne, je vois les mines déconfites autour de moi … et certains s'en vont.

J'apprécie de pouvoir enfin recharger mes batteries, mais je ne m'attarde pas. Je vais visiter le petit temple Sri Manakula Vinayagar, dédié à Ganesh , le Dieu Eléphant. Il y a déjà foule, c'est samedi, beaucoup de touristes indiens en week-end. Les marchands de fleurs : lotus, jasmin, sont installés et les boutiques de souvenirs de pacotilles ouverts … Les pélerins font la queue. Multiples représentations de Ganesh, selon les différents pays d'Asie où il est vénéré. Et, toujours les mêmes marques de dévotion …

L'autre jour, je suis passée au moment où l'éléphant, Lakshmi de son petit nom, donnait sa bénédiction par un léger effleurement de sa trompe sur la tête de ceux qui lui offraient de la nourriture. L'animal est parfaitement éduqué et ne se permet aucune familiarité déplacée … Après tout, quelle différence entre la croyance aux bienfaits apportés par la bénédiction de Lakshmi et la croyance aux vertus guérisseuses de l'eau bénite de Lourdes ? ?? Evidemment l'essentiel est d'y croire …

Puisqu'il est question de dévotion, je vous parlais hier de l'Eglise du Sacré-Coeur, une de mes haltes rafraîchissantes ! Je suis arrivée au moment où commençait la messe. Expérience inouïe ! Un vrai « show » du prêtre avec participation très active du « public » !

Multiples écrans de télé pour ne pas en rater une miette, une sono à rendre sourd … Le prêche commence tranquillement (je ne comprends pas, c'est en tamoul, sauf de temps à autre : « Praise the Lord » et « Thank you Jesus », scandés avec une extrême conviction),puis la voix du prêtre enfle, son débit s'accélère, il a les yeux fermés, les poings serrés, se met à chanter, entraînant les fidèles avec lui. Il les invite à applaudir au nom de Jésus. Les bras s'élèvent vers le ciel, certains fidèles se balancent d'avant en arrière, comme en transes, pleurent, s'agenouillent, recueillis ou extatiques …

Le ton s'apaise, je crois que c'est fini, mais non : autre prêche, autre montée d'extase, autres chants … je ne suis que spectatrice et pourtant une intense émotion me gagne (comme dans le Kerala lors de la procession hindoue dont je vous avais parlé et qui m'avait tant « bouleversée »). Puis, apaisement, puis autre prêche … Je suis partie avant la fin, fatiguée, avec le sentiment désagréable d'une manipulation des esprits, une espèce de séance d'hypnose collective !

Karl Max, qui, c'est le moins qu'on puisse dire, n'était pas parole d'Evangile, mais n'avait pas tout faux quand même, a bien déclaré que la religion était « l'opium du peuple » !!!...

Ce sera le mot de la fin de cette chronique profane et sacrée !

Je vous embrasse.  

Pour Lyonnais seulement !!!...

02/03/2013 09:04

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