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Chapati swami and C° ...

10/02/2013 08:09

Comme je vous le disais hier avant le générique de fin, et pour rester encore un peu dans le domaine culinaire, à notre retour de fort Kochi Lija et moi avons parlé de notre cours de cuisine avec enthousiasme ! Le chapati swami a alors réagi avec vigueur : "Quoi, vous allez prendre des cours de cuisine ailleurs, alors que je peux tout vous apprendre ici et aussi bien, si ce n'est mieux ... (swami certes, donc a priori doté d'une certaine sagesse, mais la modestie connaît pas !!!...) Je suis prêt à commencer dès demain. A bon entendeur ! Pas intérêt de refuser si l'on veut continuer à avoir nos chapatis tout chauds chaque matin !

Ce qui fut dit fut fait : liste de courses à faire au village ; je m'occupe des légumes et Lija s'occupe du lait (on n'a pas l'autorisation de la mère pour utiliser celui de la vache d'ici, elle doit en avoir besoin pour autre chose),  de la coriandre fraîche et des noix de cajou.

Le lait c'est pour fabriquer du panir (je crois qu'en bon français cela s'appelle "cottage cheese" : on fait bouillir le lait entier, on ajoute peu à peu du petit lait de yaourt : le lait caille, on l'égoutte dans un torchon, on met sous presse, puis au frigo pour faire durcir (il sera ainsi plus facile à râper).

Le panir entre dans la composition des mayal kofta (c'est une recette du nord de l'Inde mais vous avez sûrement tous mangé des koftas de toutes sortes, on en trouve partout au Maghreb et en Turquie entre autres) : ceux-là sont à base de purée de pommes de terre, de panir donc, des épices habituelles et pour finir on incorpore les feuilles de coriandre grossièrement hachées. On fait frire (ici, dans l'huile de coco) et on sert avec une sauce à base d'oignons légèrement braisés puis mixés avec noix de coco, tomates, ail, gingembre crus, graines de cumin, de fenouil, cannelle, poivre noir, noix de cajou. La sauce est versée sur les kofta au moment de servir. Avec le reste de yaourt : raitha de pommes de terre bouillies (celles qui restaient  de la purée) + coriandre.

Chapatis bien sûr, cuites (je ne sais pas si le mot est féminin ou masculin, alors j'alterne ...) à sec sur une plaque en fonte posée sur le gaz, puis sur la flamme du réchaud à gaz (car le foyer est éteint) : il paraît que c'est meilleur ainsi. Et, pour compléter : reste du curry de mangue du matin et incontournable riz pour ceux (la majorité) qui en mangent à tous les repas. Ce matin : curry en sauce à l'ananas et curry sec de haricots verts.

Un beau moment de partage et de rigolade car, évidemment, je pense que vous vous en doutiez sans le connaître, ce swami est un vrai "cabot" : il a toujours besoin d'un auditoire, il parle souvent fort, avec véhémence en plongeant ses yeux noirs de lion du Pendjab dans les vôtres ... Il est péremptoire et supporte mal la contradiction ... Mais un homme qui prend tant de plaisir à faire à manger pour les autres ne peut pas être un homme mauvais. Nous avons souvent, tous les deux, (il me dit, par sous-entendus, qu'il ne peut pas avoir certaines conversations avec ses congénères car ils ont l'esprit un peu étroit ; je partage un peu cet avis) des conversations quelque peu "philosophiques" : la vie, la mort, la religion ...  L'autre jour, il comparait hommes et corbeaux (il y en a plein ici que la mère nourrit en leur mettent les restes de riz sur un auvent au-dessus de l'entrée) et voyaient peu de différences entre eux !!!... Il plaisantait (quoique ...) en me disant que les indiens mangeaient dans les détritus et que cependant il y en avait toujours plus, alors pourquoi faire autrement !!!...

Ce matin, j'ai pu faire une magnifique baignade dans la mer apaisée. Le ciel, gris ces derniers jours s'est dégagé et la chaleur est moins plombante, moins orageuse en tout cas.

Là, il est environ 13h, c'est l'heure de la nourriture des animaux : Umma, la danoise a apporté les poissons frais quotidiens et c'est le concert de miaulements. Les chiens ont, en plus, quelques biscuits. Les poules n'en finissent pas de caqueter et le coq de les poursuivre ! Quant aux corbeaux ce n'est pas leur heure, ils viendront en fin d'aprem. Puis Umma s'installe pour manger à son tour, le beau-frère du swami est assis là aussi e fait ses comptes, Sachi la japonaise s'essaie au malayallam, Lija fait sa lessive, Catherine me propose une grappe de raisin et Booma vient donner quelques précisions quant à l'utilisation du curcuma dans le traitement des blessures !!!... Amma et la cuisinière s'organise et discutent derrière leurs casseroles  ...Le lieu est plutôt animé. On n'a pas vu Renata aujourd'hui (une allemande de 60 ans environ, qui vient aussi ici, comme Umma depuis une trentaine d'années, et y a acheté une petite maison près de la mer), elle part tous les matins de bonne heure pour sa séance de natation quotidienne ; hier elle a nagé un long moment avec un couple de dauphin et leur petit ; elle pouvait entendre leur "chant" !

Bon, je vais vous laisser pour aujourd'hui et aller manger mon beau raisin ...

Je vous embrasse.

Nourritures terrestres et autres ...

09/02/2013 17:46

Il me semble que la cuisine vous intéresse, est-ce que je me trompe ? En tout cas, un illustre inconnu (pour moi) a dit : "We are what we eat" ("Nous sommes ce que nous mangeons"), alors, en effet, intéressons-nous à la cuisine car, en plus "Y'a pas d'mal à s'faire du bien" (autre illustre inconnu ...). Non, je n'ai pas pour autant l'intention de faire un blog culinaire, mais c'est vrai que le sujet est omniprésent ici car, pour l'ayurveda, les aliments sont (entre autres, mais en grande partie)notre médecine. Aussi bien chez Leena pendant le cours de cuisine qu'ici avec le chapati swami, ou le swami de l'ashram ou Booma (celui qui est en jaune), lorsqu'on parle de tel ou tel ingrédient : fruit, légume, épice, herbe aromatique, graine, céréale, huile, sucre, etc, on nous dit : c'est bon pour ceci ou mauvais pour cela ; les gens qui ont telle constitution doivent en manger beaucoup ou pas du tout ... Notre dernier cours avec la doctoresse ayurvédique était consacré à cela. Je n'ai pas mémorisé grand chose pour l'instant, mis j'ai bien l'intention de m'y replonger en rentrant. Avec moi, ils prêchent une presque déjà convaincue, mais je ne veux pas devenir une intégriste et supprimer tout ce qui me fait plaisir sous prétexte que cela n'est pas en accord avec mon dosha dominant (= ma constitution profonde). De plus, je suis loin d'être sûre que toutes les règles édictées par les uns et les autres (parfois contradictoires) soient paroles d'Evangile. Il n'y a qu'à voir, en Occident le nombre d'écoles diététiques différentes, se présentant toutes comme étant LA VRAIE ET LA MEILLEURE. Prenons le temps de penser, d'observer ce qui nous est bénéfique et nous saurons prendre soin de nous-mêmes avec grand plaisir en refusant ce qui nous abîme ... Parler de nourriture c'est parler de tellement plus que d'aliments, on pourrait discourir des heures à travers culture (on cultive son jardin et aussi son esprit, est-ce un hasard ?), histoire, philosophie, morale, amour, littérature, cinéma. "Le festin de Babette" de Karen Blixen,  "La grande bouffe" (film de Marco Ferreri), "Comment cuisiner son mari à l'africaine" de Calixthe Beyala, "Mangez-moi" d'Agnès Desarthe, "Mangue amère" de Bulbul Sharma (indienne), "Vie et passion d'un gastronome chinois" de Lu Wenfu, "Charlie et la chocolaterie"avec Johnny Depp bien sûr, "Chocolat" film avec Juliette Binoche évidemment  et la superbe chanson de Juliette Greco où il est question des femmes dont la cuisine "retient les petits maris qui s'débinent". Aujourd'hui on pourrait aussi chanter la cuisine des hommes qui "retient les p'tites femmes qui s'débinent ", juste retour des choses !!!... Vive l'équilibre ! Tiens, pour les prochains commentaires dans le livre d'or, ce serait vraiment bien que chacun évoque, à sa guise (comme ils disent en Belgique), un livre ou un film, ou les 2, en lien avec la cuisine ou la nourriture en général. 

Je joins une photo de dessert fabriqué par la mère du swami : le long rouleau marron : sucre intégral (ils appellent cela "jaggery"), farine de riz, noix de coco en poudre, lait, bananes, cardamome, gingembre, cannelle, noix de cajou. On fait une pâte avec les ingrédients puis on dispose ce mélange dans une feuille de palmier préalablement trempée dans l'eau (plantez tout de suite le palmier dans votre jardin ou sur votre terrasse !), on roule bien serré et on fait cuire dans le sable chauffé par un feu. Prévenez vos voisins et invitez-les à venir déguster afin qu'ils supportent mieux "l'enfumage" !!!... Une fois cuit et refroidi : ouvrez le rouleau de palmier et coupez en tranches. C'est délicieux et, y'a pas de doute, ça tient au corps ! 

Il se fait un peu tard maintenant pour que je commence à vous raconter ma journée, mais je me rattrapperai demain et il sera encore un peu question de cuisine car ... le chapati swami ... musique générique de fin !!!...

Je vous embrasse.

I cook, you cook, she cooks, we cook !!!...

08/02/2013 17:50

Comme prévu, hier matin Lija (et non pas Lia comme je le croyais) et moi sommes parties en autorickshaw avec Lijeesh (qui a l'habitude des trajets vers l'ashram et qui comprend bien l'anglais) jusqu'à l'embarcadère de Vypeen. Une demi-heure de rickshaw avec un petit arrêt tchai au bord de la route : aussitôt un attroupement s'est formé et je crois que le vendeur de thé a dû faire une recette meilleure que d'habitude ... Puis ferry pour traverser vers Fort Kochi (2mn, ou 3 peut-être, de traversée pour 2 roupies. 1€ étant égal à 66 roupies, je vous laisse faire le calcul ...). L'heure est agréable, le soleil n'est pas encore trop chaud. Nous débarquons dans une petite ville tellement tranquille par rapport à la circulation et au bruit que nous venons de subir pendant le trajet en rickshaw , c'est reposant. D'immenses arbres (rain trees, je ne sais pas quel est le nom français) ombragent places et ruelles ; comme partout, marchands de fruits, de boissons, de vêtements ou de souvenirs nous apostrophent. Mais, notre objectif premier est : petit-déjeuner ! On nous a recommandé une bonne adresse : le Kashi Art Café dans Princess Street. La rue n'est pas indiquée sur notre plan, nous nous informons donc auprès des "indigènes" : chacun y met de la bonne volonté, interroge son voisin, fait appel au passant d'en face, à celui de gauche et à celui de droite ; rien n'y fait "Princess Street" est inconnue au bataillon. Mais la perspective du petit-déjeuner nous booste et, courageusement, nous avançons vers l'inconnu ... 50m plus loin, une jolie enseigne dans une petite rue déserte : Kashi Art Café ! Et oui, nous y sommes, il est 8h29 et l'ouverture est à ... 8h30. Nous sommes les 1ères clientes du jour, mais très vite le lieu se remplit (majoritairement d'occidentaux d'ailleurs) et cela en vaut la peine : fruits frais, toasts avec du beurre (la 2ème fois en presqu'un mois, je n'abuse quand même pas !), omelette aux pommes de terre (mes premiers oeufs en Inde ; les oeufs des poules de l'ashram ne servent qu'à préparer des médicaments, mais ne me demandez pas lesquels ...), du vrai café, le bonheur quoi !!!.. Il en faut peu pour être heureux, vraiment si peu pour être heureux ... comme le chante Baloo dans Le livre de la jungle ... Le lieu est très beau (sans doute très "branché" aussi, mais dans le bon sens du terme), avec une cour verdoyante et ombragée, des sculptures, peintures, photos exposées, un service souriant et efficace. Le "Lonely planet" (guide de voyage) fut donc de très bon conseil.

Passons maintenant aux choses sérieuses : nous avons prévu de prendre un cours de cuisine dans une guest-house ; nous téléphonons donc, pas de chance, pas de cours ! Tant pis, nous reviendrons. Il y a de quoi s'occuper par ailleurs, nous partons, le nez au vent ... 50 m plus loin, nous passons devant une belle maison ancienne qui attire notre regard (non ce n'est pas seulement parce qu'il y a 2 sympathiques garçons arrêtés devant la porte, ne soyez pas mauvaise langue !) et qu'est-ce qui est écrit sur le mur de cette maison ???... et oui, les plus perspicaces ont deviné : "Cooking lessons" !  Si nous ne sommes pas bénies des dieux !!!... Il est presque 10h, la maîtresse des lieux et cuisinière est là, nous fait entrer avec Jack et Simon (2 Londoniens en voyage depuis plusieurs mois qui ont envie d'apprendre à améliorer leur ordinaire culinaire une fois rentrés au bercail ! Jack va d'abord continuer son voyage pour 3 mois en Chine). Notre hôtesse, Leena Sham donne des cours de cuisine depuis 25 ans et tient également un hôtel avec son mari. Nous la suivons à travers une maison aux pièces immenses et fraîches : mobilier ancien de style portugais (ce furent les premiers colons et Vasco de Gama est, dit-on,  enterré  à Fort Kochi, à l'église St Francis), photos de famille côtoient images pieuses (la famille est chrétienne) et grandes photos de Mickey Mouse !

La cuisine est claire, bien aménagée (par rapport à celle de l'ashram, c'est un 5 étoiles ...) et propre. Nous nous installons autour d'une grande table avec papier et stylos. Au menu : "pakoora" : des beignets, avec très peu de pâte, très croustillants, aux oignons roses, très simples et rapides à préparer. Epluchage, éminçage, notes, photos, cuisson et ... dégustation pendant quer Leena prépare le tchai : Feuilles de thé noir+ moitié lait, moitié eau + sucre , faire bouillir 3 minutes et filtrer (c'est le plus simple ; on peut l'améliorer avec au choix ou en mélange : gingembre frais, cardamome, cannelle, etc).

Puis " Vegetable Kurma ou Saucy curry", en l'occurence avec carottes, chou-fleur, pommes de terre, oignons, piments verts, échalotes, épices diverses et variées, noix de cajou, raisins secs (c'est le mot français, prononciation à l'anglaise "reizine" qui est utilisé) et la sacro-sainte noix de coco (chair râpée et lait). Pour plus de détails, venez manger chez moi ou demandez-moi la recette que je ne veux pas infliger à ceux qui ne seraient pas amateurs !

Ensuite "Dry curry" avec haricots verts et feuilles de curry dont un plant pousse sur sa terrasse, sans sauce donc, mais un régal, c'est ce que j'ai préféré, même si tout était très bon.

Puis, "Raitha" à la betterave crue (ils en utilise beaucoup ici) et Raitha à la tomate, la base est le yaourt (on a le droit d'ajouter de la crème fraîche !) + coriandre fraîche, graines de cumin, oignons etc.

Enfin "Roties" (encore un mot français !) : sorte de petites crêpes sans lait ni oeufs, mais avec de la chair de noix de coco (incontournable dans le Kerala), un peu d'eau et des graines de fenouil. Au moment de servir, étaler une cuillerée de ghee (le fameux beurre clarifié).

Tout le monde a bien participé, goûté au fur et à mesure, commenté, ri (Jack était vraiment très drôle et s'est faussement étonné qu'une française vienne prendre des cours de cuisine !!!...). Leena nous a emmené sur sa terrasse pour une petite présentation botanique ; nous avons croqué quelques feuilles mais le soleil était trop fort pour que nous séjournions trop longtemps dehors ...

Puis, le grand moment : tous les plats sont sur la table, photos et ruée (surtout les garçons, affamés, ils nont pas pris de petit déjeuner et il est 13h30 ...) sur les assiettes. Plus personne ne parle, on n'entend que "Mmm et Mmm et Mmm ..., on se lèche les babines et les doigts, un à un, c'est très bien vu, on aimerait avoir un estomac extensible, mais non, rien à faire, "I am full", je ne pourrais pas avaler un seul grain de riz de plus (j'ai oublié de dire qu'il y avait du riz nature tellement ça va de soi ...).

Leena nous montre son livre d'or : impressionnant, le monde entier semble avoir défilé chez elle, des articles de journaux qui lui sont consacrés, puis il est temps de se quitter : Jack et Simon doivent prendre un bus pour Munnar (ils devaient faire une bonne sieste) et Lija et moi sommes censées visiter un peu la ville ... Suite demain peut-être car, là, le marchand de sable est passé ... Bonne nuit les petits et grosses bises aux saveurs de cardamome (j'aime ce mot), de gingembre et d'anis étoilé ...    

Du bruit dans la cuisine ... et dans la palmeraie !

06/02/2013 17:14

Vous n'allez pas me croire : il est 22h, je suis assise sur ma petite terrasse et une vraie brise, bien fraîche, remplace fort avantageusement mon ventilateur !

J'apprécie d'autant plus que la journée a été torride, sans un souffle d'air, vous savez, comme avant un orage. D'ailleurs, dans le ciel resté gris toute la journée, on pouvait voir des éclairs à l'horizon et entendre au loin des coups de tonnerre, j'espérais une bonne pluie comme on en a tant par chez nous, nous n'avons reçu que quelques gouttes vite séchées ... Le soleil s'est montré peu avant de se coucher, juste au moment où nous nous sommes baignées. Sans exagérer, à chaque bain j'ai l'impression de renaître !

Si vous saviez comme je suis contente de lire vos commentaires, de sentir ce lien qui nous maintient en contact malgré l'éloignement, merci à vous. Je vais aussi consulter mes mails chaque jour, alors n'hésitez pas à me laisser des messages plus personnels si vous le souhaitez.

Pour en venir enfin au titre de l'article : la journée d'hier était particulière. En effet nous recevions à l'ashram un groupe de 25 personnes, en stage de PNL (je vous en ai déjà parlé) auquel le swami donne des cours de yoga tous les matins pendant 2 semaines mélange d'occidentaux et d'indiens plutôt citadins. Le matin , après le petit déj, j'allais vaquer à mes occupations habituelles, puis j'ai vu que ça s'agitait bien en cuisine, j'avais oublié l'invitation, chapati swami, Amma (la mère), Tulutzi (la soeur), Sathi (la cuisinière), Catherine, tout le monde épluchait, tranchait, éminçait, mixait, faisait frire, mijoter, bouillir ... J'ai donc proposé mon aide  aussitôt acceptée avec empressement et je me suis retrouvée avec une montagne (allez, une colline !) de gousses d'ail à éplucher avec un énorme couteau rouillé de chez rouillé, un cauchemar. Il faut préciser que cela se passe, assise sur un tabouret haut de 10cm, tabouret qui à l'occasion sert de planche à découper, pliée en 2 au dessus d'un autre tabouret-planche. Catherine et moi sommes donc chargées de l'ail, le "plan de travail" que nous partageons au sol mesure environ 20 cm X 30 cm et se situe au milieu du passage entre le fourneau à bois , l'évier (au sol lui aussi) et le réchaud à gaz. Le lieu étant très fréquenté, on n'arrête pas de nous enjamber, de vérifier que l'épluchage est correct tout en nous faisant comprendre qu'il faudrait accélerer la cadence ! vous me connaissez, je ne suis pas une rapide et je déteste qu'on me bouscule !!!... Je ne voudrais pas en arriver aux moyens extrêmes comme déclencher une grève pour le "Soutien aux employées françaises honteusement exploitées dans les cuisines du Kerala", alors, je choisis la diplomatie et décide de migrer (suivie par Catherine) dans la salle à manger où il y a une vraie grande table et de vraies chaises et où l'on peut  se tenir debout sans déranger personne. De plus on peut y respirer l'air de la mer. Excellente décision ! Nous voyant débordées de tous côtés par les oignons, piments, gingembre, carottes, haricots, pommes de terre, manioc, noix de coco, coriandre, groseilles à maquereaux et, j'en oublie sûrement, de bonnes âmes de passage proposent leur aide. Tulutzi, Amma et Sathi viennent jeter un oeil critique de temps à autre : il faut couper plus petit ou plus fin, mais dans l'ensemble nous nous en sortons plutôt bien. Après la vaisselle (qui se fait, à l'eau froide, sans produit, en 2 temps : eau de mer puis rinçage eau douce. Manque d'eau récurrent, il y a quelques jours, il a fallu acheter de l'eau douce pour l'usage domestique) , le rangement des ustensiles, on peut aller traîner un  peu en cuisine  pour le plaisir des yeux et de l'odorat, on peut même goûter parfois ...

Une bonne baignade et une bonne douche (un seau d'eau froide que l'on verse sur soi avec un petit broc) me remettent d'aplomb et toutes ces manipulations culinaires m'ont mises en appétit ... Mais pas de repas prévu avant le dîner avec les invités. Dîner tardif exceptionnellement car avant, il y a un spectacle ! J'ai faim et ce n'est pas un verre de tchai qui va me rassasier ! Je retourne à la cuisine où Sathi, la cuisinière "touille" une préparation dans une sorte de grand wok. Je m'informe, innocemment ; elle ne parle pas bien anglais, alors, un peu pour se débarrasser de moi, un peu par gentillesse aussi, elle me tend une grande asiette de "payasam" : le dessert pour ce soir : lait de coco, ghee (beurre clarifié), farine, gingembre, noix de cajou grillées au ghee, mélasse (écrasée au pilon). Me voici requinquée, d'autant plus qu'Amma, ne sachant pas que je viens d'en manger une assiette, m'en propose un verre (donner de la nourriture, c'est sa manière de remercier quand on l'aide à faire quelquechose).

Pendant ce temps, musiciens, chanteurs et danseurs sont arrivés, ont mangé, bu le thé, ont installé leur décor et leur matériel et commencent à se maquiller et à enfiler leurs costumes. Ce seront des chants et danses populaires du Kerala. Le groupe de PNL arrive, le spectacle peut commencer : rythmé, vivant, coloré, tous les spectateurs sont invités à participer, à venir danser avec les artistes, personne ne se fait prier. Les villageois et leurs enfants sont arrivés en masse ; il est rare qu'il y ait de telles animations au village. Les enfants s'en donnent à coeur joie. Fin du spectacle, chacun des invités se déplace avec sa chaise vers un autre lieu de l'ashram où ils s'installent en cercle, et nous (les personnes de l'ashram) leur servons à dîner. Le couvert est spartiate : une assiette en carton et une main droite. L'eau et le dessert sont servis dans un gobelet en carton. En attendant notre tour nous dégustons des tranches d'ananas frais. Une fois le groupe parti, enfin nous pouvons nous régaler et apprécier le fruit de nos efforts. Catherine et moi aidons Amma à ranger la cuisine et hop, dodo bien mérité ; j'étais incapable d'écrire une ligne hier soir.

Demain, excursion à Fort Cochin avec Lia, un rickshaw vient nous chercher à 7h30 pour nous emmener à l'embarcadère. Suite au prochain numéro ! Je vous embrasse.

Journée ordinaire à l'ashram

04/02/2013 18:05

Belle journée tranquille à l'ashram, même pas de sortie au village aujourd'hui, je me serais crue en vacances !!!... Après un peu de yoga, seule et plus tard que d'habitude (pour cause de swami indisponible), tchai à 8h, papotages à droite à gauche, il y a des nouveaux ce matin : une autrichienne, Lia, 31ans, blonde, yeux bleus, jolie comme tout, parlant 5 langues : anglais, allemand, russe, polonais, espagnol et un peu de japonais ... Voyageuse, adepte de yoga, cherche sa voie ... Booma, prof de yoga indien, swami en devenir (il en est à la couleur jaune), je ma demande si je n'ai pas publié une photo de lui à l'ashram Panmana car c'est là qu'il exerce. Il était ici auparavant mais suite à un désaccord avec le swami il est parti ; la relation n'est d'ailleurs toujours pas excellente ... On peut être swami on n'en est pas moins homme !!!... Un couple de canadiens avec qui je n'ai pas encore beaucoup parlé ; on se verra demain.

Après le curry du breakfast vers 10h : baignade avec une belle surprise ; d'un seul coup, des centaines de petits poissons se sont mis à sauter hors de l'eau, autour de nous et peu à peu une partie de la plage a été recouverte de poissons argentés, frétillants : un beau tapis mouvant ! Les villageois (pourtant absents de la plage) sont arrivés en masse, des seaux à la main pour récupérer cette pêche miraculeuse ; des dizaine de corneilles et d'aigles (ou vautours ?) de mer se sont joints à eux pour tenter de profiter de l'aubaine ... De nombreux bateaux de pêche s'étaient rassemblés, pas très loin et leurs filets semblaient bien lourds : bonne journée pour les pêcheurs aussi.

Après-midi au ralenti : tentative d'apprentissage de malayalam, travail écrit de récapitulation du protocole du massage (comme c'est dur d'avoir une activité intellectuelle concentrée quand il fait si chaud ! activité physique aussi d'ailleurs ...), puis découverte du "labo" de fabrication de quelques médecines ayurvédiques, impression de régresser de plusieurs siècles.Non, non, ne croyez plus au Père Noël : espace stérile, c'est de la science fiction ici, mais comme, d'après le swami les français sont obsédés par la propreté, vous pensez bien que je ne me suis autorisé aucune remarque du genre : "se laver les mains avant de toucher les ingrédients ou, attacher cheveux et barbe, éviter de cracher devant la porte ..." Grands chaudrons (dont certains font penser à celui de la potion magique d'Astérix) chauffés par un feu de bois maintenu en activité par un soufflet à manivelle. Chaleur d'enfer ! Un peu plus loin : une autre antiquité : un pulvérisateur à riz et à graines (poivre, graines de moutarde par exemple). La poudre obtenue est ensuite mélangée à la potion entrain de bouillir dans le chaudron du diable. La fabrication du jour est destiné à produire une pâte contre les maux de gorge et la toux. J'ai eu l'occasion de l'utiliser, mon mal de gorge a été vite enrayé, mais j'avais des douleurs d'estomac terribles à cause du poivre (dommages collatéraux ou, en langage politiquement correct : "effets secondaires" ...).

Petite visite à la couturière du village pour raccoucir et rétrécir (on pourrait en mettre 3 comme moi dedans, mais c'était une taille unique) un pantalon. Il a fallu appeler Sadjin pour la traduction. Elle m'a reçu sur le pas de la porte, a évalué à l'oeil ce qu'elle devait modifier, je dois y retourner demain. Je suis curieuse du résultat ...

Je n'ai pas reçu de soin aujoud'hui, j'ai laissé ma place à la mère du swami qui souffre terriblement du dos et j'ai donc aidé Catherine à lui appliquer le kichi. J'ai trouvé cela très pénible à réaliser surtout à cause de l'odeur écoeurante de l'huile chaude et la chaleur extérieure  ne facilite pas les choses. J'avais l'impression d'être passée dans une friteuse, une bonne douche froide m'a fait du bien.

La mère était ravie de son soin et pour nous remercier elle nous a fait chauffer une bonne tasse de lait chaud bien sucré. J'étais réticente car je ne bois plus de lait depuis longtemsp mais c'était difficile de refuser et, en fait je me suis régalée.

Vous voyez, aujourd'hui rien d'exaltant ou de particulièrement original, c'est tout de même la vraie vie ...

Oh la la le sommeil me gagne, normal, il est 23h30. Bises à tous, à bientôt.

A l'eau ou à l'huile ?...

03/02/2013 17:16

Comme tous les soirs, coupure d'électricité de 21h à 21h30. Je consacre cette 1/2h à rêvasser sur ma terrasse à la lueur d'une bougie. Les lucioles (je vous en ai déjà parlé je crois) m'offrent alors leur spectacle quotidien et j'attends de pouvoir regagner ma chambre en contemplant  les étoiles, bercée par le bruit des vagues proches.

Je fais désormais partie des VIP de l'ashram : en effet, je suis la seule (à part le swami bien sûr) à bénéficier d'une moustiquaire depuis 3 nuits !!!... C'est le luxe ! J'en avais assez de passer mes nuits à me gratter : l'anti-moustiques, c'est la seule chose que j'ai oublié d'apporter de France et, dans le coin, les boutiques sont plutôt rares. Quant à la pharmacie de l'ashram (je vous joins une photo) elle ne propose pas ce genre de produits !!!...

Hier je vous ai laissés sur un suspense insoutenable concernant un miraculeux soin anti-douleur ... Vous n'en avez pas fermé l'oeil de la nuit ? Vous n'avez plus qu'à vous faire prodiguer un Shiro Dhara (vous savez l'écoulement de lait sur le front pendant 1/2h ...), à moins que vous ne préfériez un massage Khalari, ça se fait avec les pieds et je vous conseille le masseur (malheureusement "intérimaire") de l'ashram, il s'appelle Djenn (pas sûre de l'orthographe, mais ça se prononce un peu comme le Jane anglais), il a 42 ans et il est sacrément beau. J'ai assisté à l'un de ses massages sur un homme atteint d'un début de maladie de Parkinson : mon "écartèlement" à côté de ça, c'était de la gnognotte ! Sur sa planche au sol le patient criait vraiment grâce (vous n'avez pas honte de rire !!!...) et le fameux Djenn se contentait de lui remettre fermement en place les pieds ou les mains qui le gênaient dans ses manoeuvres, sans un mot de compassion ... J'en étais toute retournée et je l'aurais bien dénoncé à Amnesty International !!!... Il l'a ensuite enfermé dans le placard bain de vapeur et est parti boire un thé , sans aucun remords ! Je plaisante mais il semble que le traitement soit très efficace car le patient y retourne tous les jours et, en moins d'une semaine, sa marche s'est nettement améliorée. Ce patient vient aussi au cours de yoga, ça fait partie du traitement, je pense qu'il n'en a jamais fait auparavant et sa maladie ne favorise évidemment pas la souplesse. Mais il vient, s'assoit tout près de Catherine et passe son temps à la regarder : cela peut aussi avoir un effet thérapeutique, pourquoi pas ???

Mais je m'égare : le soin anti-douleur (toujours pour mes lombaires qui n'en finissent pas de me torturer) ; cela s'appelle un KICHI   , et cela se prononce KIRI (comme le fromage à tartiner) : vous découpez un rectangle de tissu d'environ 20cm X 3Ocm, vous y  versez une poudre d'herbes (dont je ne connais pas encore le détail), vous refermez avec une bande du même tissu de façon à obtenir une sorte d'aumônière très très compacte. Le patient  est allongé sur la même planche de torture que précédemment, à plat ventre, puisqu'on traite le dos. Vous faite chauffer le kichi dans de l'huile de "Neem" (Melia azadirachta, voir internet) ), un arbre endémique, toujours vert, du subcontinent indien et vous appliquez sur la région douloureuse (ce doit être très chaud mais il n'est pas recommandé de laisser des cloques, le patient pourrait se rebeller) par de fermes tapotements pendant 15 à 30mn. La sensation première est un peu désagréable : peur de se faire brûler (après la cuisson à la vapeur, c'est la friture, il ne manque plus que l'ébullition !!!...), puis on s'habitue, la chaleur se répand agréablement dans tout le corps qui se relaxe vraiment. Par là-dessus, une bonne douche chaude (c'est une exception car il n'y a que de l'eau froide au robinet) : on m'apporte un seau d'eau chaude tirée à la cuve d'eau chauffée par une sorte de système de panneau solaire car il vaut mieux éviter le contraste chaud froid après le kichi. Je me sens très bien, un peu planante ...

Les effets de ces soins semblent très réels : il faut voir le nombre de patients qui défilent pour des consulations à l'ashram chaque jour ! Aujourd'hui, dimanche, encore plus que d'habitude car les gens ne travaillent pas et le swami est disponible dès 8h30 du matin (après le yoga) et tant qu'il y a de la demande ... L'inconvénient reste tout de même le temps qu'il faut pour les préparer, je ne me vois pas du tout pratiquer cela en France. Je sais que certains centres les proposent à des prix exhorbitants : 70 ou 80€ pour un shiro dhara, ça fait cher le litre de lait !!!...

J'aurai sans doute encore 2 ou 3 recettes de ce style à vous présenter, mais n'hésitez pas à m'arrêter si cela vous ennuie. 

Dans 8 jours je dois quitter ce lieu privilégié,  j'ai pu m'habituer tranquillement à un autre rythme, à un autre mode de vie (beaucoup moins de confort, une hygiène assez défaillante, selon les critères occidentaux bien sûr), un autre climat, d'autres relations : être "différent" de la majorité, être "repéré" par sa couleur de peau, d'yeux ou de cheveux, être regardé partout avec curiosité, répondre ou non à des sollicitations, savoir rester à sa place, être attentif à ne pas choquer par ses attitudes,  sa tenue vestimentaire, ce n'est pas toujours de tout repos, mais ça s'apprend peu à peu ... Donc, lorsque je partirai d'ici je serai déjà un peu aguerrie pour me lancer dans d'autres découvertes ...

Mais n'anticipons pas. Là il est grandement l'heure pour moi d'éteindre la lumière alors que vous vous mettez à table pour le dîner.

Bon appétit à vous et ne vous couchez pas trop tard, car demain, c'est lundi et votre patron (excepté pour les heureux retraités comme moi !) vous attend ...

Les 2 photos ci-dessous : à gauche, cour de l'ashram avec, dans la grande boîte, la réserve de riz et,  à droite, l'entrée de la pharmacie.

Quant aux affiches du film que je vous ai rapidement synthétisé : si vous devinez qui est le gentil et qui est le méchant, vous gagnerez un pack "Shiro Dhara + Kichi + Massage Khalari + bain de vapeur option avec ou sans araignée" !!!...

Je vous embrasse.

Black and white

02/02/2013 18:19

Tout d'abord "Namaste" à ceux qui viennent de faire leur première incursion dans ce blog, c'est un plaisir de vous y accueillir !

Nous venons de rentrer dans la paix de l'ashram après une fin d'après-midi consacrée une fois encore aux festivités du temple d'Edavanakad (le village le plus proche d'ici) : éléphants gavés de feuilles de bambous et de palmiers pour qu'ils restent tranquilles pendant la célébration, tambours, cymbales et instruments à vent dont j'ignore le nom, musique très répétitive. Oserai-je dire que je commence à m'en lasser mais le swami est si content de nous y emmener, je ne veux pas gâcher son plaisir, et, même si la musique ne m'emballe pas, c'est une belle occasion d'observer ce qui se passe autour, d'échanger quelques mots et beaucoup de sourires surtout avec femmes et enfants. Avec les hommes c'est beaucoup plus délicat, car la place des femmes indiennes n'a rien à voir (dans la majorité des cas) avec celle des occidentales et trop de familiarité pourrait être mal interprétée. La présence du swami nous facilite vraiment les choses, il n'y a, ainsi aucune ambiguité possible car ils respectent trop le swami (beaucoup lui baisent les pieds) pour mal se comporter en sa présence.

Donc, fin d'après-midi au temple, un monde fou, il faut dire que c'est samedi et, comme chez nous, les gens se consacrent plus au loisir ... Il n'y a pas de supermarché, donc pas de chariot à pousser chez Leclerc, Auchan ou Carrefour, alors, on se fait beau et on va au temple : lampes à huile, encens, pétards, les femmes sortent leurs plus beaux saris, les petites filles sont de vraies princesses, les ados (garçons) ont laissé le dhoti de papa au vestiaire et se permettent le jean et les lunettes de soleil, quelques très jeunes enfants que leurs parents approchent de nous (Catherine et moi) se reculent en pleurant, sans doute effrayés par nos yeux clairs et nos "visages pâles" !!!...

Ensuite, le swami nous propose une séance de cinéma : chouette, ça va nous changer des processions et des dévotions au milieu des colliers de jasmin et d'oeillets d'Inde. Un bon petit film, bien Bollywood avec danses, chansons et histoire d'amour qui finit bien, c'est impeccable pour ensuite faire de beaux rêves ! Que nenni ! Il s'agit d"un fim d'action (et quelle action !) dont le réalisateur et acteur principal Kalam Haasan est paraît-il très connu en Inde. La traduction du titre est "La forme du monde", les dialogues sont, pour partie en anglais (le film se déroule moitié à New-York, moitié en Afganisthan), pour partie en Tamoul (langue parlée dans l'état du Tamil Nadu), le tout sous-titré en Malayallam (langue de l'état du Kerala : ceux qui ont suivi depuis le début doivent le savoir ; attention aux interros surprises à mon retour !!!...). De déductions en déductions, j'ai compris qu'il était question de l'infiltration d'un agent du gouvernement indien dans un groupe d'entraînement terroriste en Afganisthan, ceci afin d'éradiquer les méchants terroristes qui tuent des tas d'innocents, empêchent leurs femmes de se soigner, égorgent les gentils soldats américains et mettent en place une machine infernale (j'ai saisi au vol qu'il était question de césium et de plutonium) pour détruire New-York. Le gentil est, au premier abord, un homme efféminé, professeur de danse (aïe les jolis clichés) qui s'avère être un redoutable combattant : à 50 contre 1, même pas peur ! Il saute, vole, casse des bras, transperce des torses, enfonce des yeux, plonge de plusieurs étages passe à travers le pare-brise de sa voiture, pile au moment prévu, demande (assez rudement tout de même, mais y'a de quoi)à sa copine de se pousser, prend le volant (sa voiture est blanche et celle du méchant est noire, au cas où l'on n'aurait pas compris qui est qui ...) et reprend la conversation interrompue par la séance de tabassage qu'il a subie avant de se décider à dézinguer toutes ces brutes d'islamistes ... Côté cliché, le méchant est du même acabit (un t ou pas de t ?) : oeil de verre (ça ne vous rappelle pas quelqu'un ???), cicatrices, cordes vocales endommagées, difficultés à marcher et, à cause de qui, je vous le donne en mille : à cause des américains bien sûr, je vois que vous êtes au courant de la marche du monde !!!... Alors, vous auriez fait comme lui, vous auriez voulu vous venger, mais, bien fait pour lui, sa machine infernale ne fonctionne pas, grâce à l'ingéniosité d'une femme (en jeans celle-là, bien roulée et tout ce qu'il faut là où il faut) qui pose un micro-ondes sur la bombe afin que le déclenchement à distance ne se fasse pas (en tout cas, c'est le fruit de mes déductions). Donc, tout est bien qui finit bien malgré un parcours semé de cadavres de gentils et de méchants et quelques scènes bien "gores" de corps coupés en deux, de mains arrachées, d'enfants calcinés et de mères en pleurs ... Si après ça on n'a pas compris qu'il fallait lutter contre le terrorisme, Kalam Haasan n'a plus qu'à changer de métier. Je me moque, je me moque, mais Silverster Stalone (je ne sais pas écrire le nom de cet acteur de génie), Schwartzeneger et même parfois Tom Cruise sont loin de faire dans la dentelle !

Ma journée avait commencé de manière plus calme : pas de yoga ; j'ai donc fait une belle balade sur la plage (à l'heure où les pêcheurs rentrent), accompagnée des 3 chiens de l'ashram : Tomatchi, le mâle, un vrai guerrier, toujours à chercher la bagarre, à vouloir être le chef, mais affectueux tout de même, Poona la jeune femelle recueillie l'année dernière par Catherine, orpheline et élevée au biberon, Djaki la vieille femelle, assez solitaire, qui semble avoir atteint l'âge de la sérénité et de la sagesse, sauf quand elle nous voit boire du tchai : elle s'assied devant nous et aboie tant qu'on ne lui en a pas versé un peu dans sa gamelle. Puis baignade dans une mer d'huile : je n'ai pas vu les dauphins depuis plusieurs jours, ils ont dû trouver ailleurs un coin plus poissonneux ...  

J'ai sommeil, alors comme dans toute bonne série télévisée, c'est l'heure du "cliff hanger" (le héros est accroché à  la falaise, va-t-il tomber ou s'en sortir ? vous le saurez lors d'un prochain épisode). En ce qui me concerne, pas de falaise, seulement un autre soin original reçu cet après-midi.

Je vous embrasse tous bien chaleureusement.

Enfants Musique Yoga etc

01/02/2013 17:39

En fait le docteur ayurvédique (une jeune femme, très pédagogue) qui devait soi-disant arriver à 14h30 est arrivée à 15h45 !!!... Heureusement son cours était très intéressant, ça valait la peine d'attendre. Une autre élève est arrivée aujourd'hui : Sachi (ce prénom signifie "bonheur"), une japonaise, pharmacienne qui vient se spécialiser en ayurveda. A peine débarquée de l'avion, elle s'activait déjà à la "pharmacie" de l'ashram (j'ai mis des guillemets car ce lieu, même si l'on y achète des médicaments, ne ressemble en rien à ce que nous appelons pharmacie) : je ferai des photos, vous comprendrez ... 

Le cours a eu lieu à la table de la salle commune, la pièce dans laquelle il y a le plus de passage. Poules, coq "lubrique" (est-ce un pléonasme ???...), chiens, chats font partie de l'assistance, la mère du swami qui mâche son bétel, sa soeur qui me précise l'orthographe sanscrite de quelques mots que j'ai du mal à capter (les textes fondateurs de l'ayurveda ont été écrits en sanscrit et les termes techniques restent en vigueur), l'homme qui vient de traire la vache et qui apporte le lait, et la liste n'est pas exhaustive !

Je n'aurai pas de soin aujourd'hui, on a pris du retard dans l'emploi du temps, qui, d'une manière générale, n'est jamais respecté ... C'est un sacré apprentissage pour moi d'accepter une telle désorganisation, les changements continuels dans les prévisions quotidiennes, les longues attentes ou, d'un seul coup, il faut être prêt à démarrer sur le champ (et je ne suis pas quelqu'un de rapide, vous me connaissez !). Donc, faute de mieux, dans ces cas-là, je développe, autant que possible,  ma capacité d'adaptation afin d'éviter de montrer les dents !!!...

Hier soir, comme je vous le disais, soirée musicale au temple d'Edavanakad (à 1/4d'h de l'ashram) avec les 2 swamis et un autre homme, Djenna,

 qui fait des massages thérapeutiques à l'ashram. Bonne musique : percussions ( espèce de tambour allongé tenu à l'horizontale, tablas) et cordes : beaux instruments dont je ne connais pas le nom. Tout le monde est assis parterre dans le sable, les enfants jouent, courent après les ballons, et, une fois encore, Catherine et moi sommes l'attraction, surtout lorsque je sors mon appareil photos : les enfants s'approchent d'abord timidement, un à un, nous demandent notre nom, puis sans nous en rendre compte, nous sommes encerclées de visage curieux et souriants. Tous veulent être pris en photos, vont chercher copains et copines, s'asseyent et se mettent à chanter en coeur ; nous réclament une chanson : nous entonnons "Frère Jacques" que certains connaissent aussi. Beau moment, drôle et chaleureux !

Ce soir aussi, musique au temple : un monde fou, rien que pour des percussions, je crois avoir déjà publié une photo de ces groupes que l'on voit à toutes les processions. Musique envoûtante, répétitive et qui, à coup sûr, peut aboutir à la transe : ça se voit rien qu'au visage et aux attitudes des musiciens au bout d'un certain temps de jeu !

Toutes ces festivités sont évidemment dédiées à des Dieux et Déesses nombreux, divers et variés  : Shiva, Krishna, Lakshmi, Ganesh, Sarasvati, Kali (les plus courants), j'ai bien du mal encore à les reconnaître, d'autant qu'ils ont tous de nombreux avatars pour mieux "tromper l'ennemi" ...

L'autre jour je regardais une affiche représentant Shiva (à moins que ce ne soit Krishna ...) qui a la peau bleue. Vous auriez fait comme moi : je demande au swami : Pourquoi a-t-il la peau bleue, qu'est ce que ça signifie ? Il me répond avec ironie (et peut-être un peu de condescendance, mais là je dois être mauvaise langue) : Parce qu'à l'époque où ces représentations ont été créées, il n'y avait pas de Myriam et pas de français pour demander "Pourquoi ?"

C'est un reproche récurrent qu'il fait aux français de vouloir connaître le pourquoi ... Il apprécie beaucoup les japonais (japonaises en l'occurence), par contre, car elles apprennent, elles acquiessent, elles ne rechignent jamais, des élèves modèles qui ne demandent pas "pourquoi ?". 

Demain matin le swami et Catherine vont animer un cours de yoga pour un goupe d'occidentaux en stage de PNL (Programmation Neuro Linguistique : précision pour les profanes, dont je suis, et petit clin d'oeil à une spécialiste, là-bas près de la fenêtre face à la mer !!!...).

C'est donc Sadji qui animera le yoga à l'ashram demain matin : je suis très contente ; c'est un très beau jeune homme, très compétent (comme il tient la posture sur la tête, un must) et très pédagogue. C'est l'élève du swami depuis 10 ans, il a commencé à 14 ans et il est aussi spécialiste de massages et divers soins comme ceux dont je vous ai donné un aperçu. Je trouve qu'au moins sur le yoga l'élève a dépassé le maître. 

Il est presque 23 heures, je vous quitte pour ce soir. Je vous embrasse et j'adresse une bise supplémentaire à Lorient que j'avais involontairement négligé lors d'un précédent article. N'hésitez pas à faire vos réclamations, toutes seront acceptées !!!...    

  

Chaleur, ventilateur et leçon

01/02/2013 09:49

Nous voici au mois de février, le temps reste au beau fixe et, après 3 semaines, je me suis à peu près habituée aux réveils très matinaux et à la chaleur plombante. J'essaie d'adapter mon rythme à la température ... Là, il est bientôt 14h30, je suis au "frais" dans mon bungalow, le ventilateur en marche (pas de coupure aujourd'hui). Tout à l'heure avec Catherine nous avons appelé un autorickshaw pour aller faire un tour au village, nous avions envie de fruits, ça manque à l'ashram ... Nous avons bu un excellent jus de pastèque fraîchement pressé, mangé des noix  de cajou et quelques sucreries proscrites à l'ashram. Nous avons un peu marché au soleil ; c'est le feu tombé du ciel qui nous arrivait sur la tête !!!... Contentes ensuite de retrouver nos cocotiers et de se rafraîchir dans la mer. La plage est toujours déserte et nous sommes les 2 seules baigneuses : la consigne est d'arriver sur la plage en robe, de l'ôter, de se précipiter à l'eau et de remettre la robe aussitôt sorties de l'eau. C'est vraiment une curiosité pour tous (hommes et femmes) de nous voir nous baigner. Pour la plupart les indiens ne savent pas nager. Les pêcheurs ne sont pas pour autant des nageurs, je pense qu'autrefois il en était de même pour les pêcheurs bretons ou autres !

Je vais devoir arrêter, j'avais normalement un cours à 15h (les 6 goûts de l'ayurveda) et on m'apprend qu'il est avancé d'1/2h. J'espère pouvoir reprendre tout à l'heure et mettre quelques photos de ma soirée d'hier. Bises à tous. 

Yaourt et culture ...

31/01/2013 11:33

Petit article rapide avant mon prochain lavage de cerveau : on pourra désormais me reprocher, avec à propos, d'avoir du yaourt à la place des méninges !!!...

Hier soir donc sortie culturelle pour un festival de musique et danses tribales du Kerala (ça dure 7 jours, on y retourne ce soir) : pour l'occasion, le chapati swami s'était mis sur son 31 : des tongs bleues, sa plus belle chemise (c'est peut-être la seule) en velours violet, un dhoti orange propre et quelques colliers. Sa barbe semblait récemment shampooinnée (orthographe ?) ; quant au swami d'ici : égal à lui-même : pieds nus, dhotis de ??? jours, serviette de toilette rouge plutôt cracra sur l'épaule, cheveux et barbe embrouillés. C'est un autre style !!!... Quant à Catherine et moi, nous avions mis nos tenues indiennes, bien brillantes et colorées. Photos ci-dessous. Je ne vous mets pas de photo du swami d'ici, vous l'avez déjà vu, il est toujours pareil en plus ou moins propre. Ce qui ne semble pas arrêter bien des femmes (occidentalers) qui lui font les yeux doux ...

Le spectacle valait vraiment le détour et nous étions aussi une partie de l'attraction car 2 swamis et 2 femmes (étrangères) ensemble c'est plutôt inhabituel !

Je dois y aller pour ma 1/2h de SHIRO DHARA.

A très bientôt. Bises à toutes et tous.

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