FFarniente et philosophie ...
Journée très très farniente, chaque déplacement m'a demandé un effort surhumain alors, je me suis mise au diapason de la majorité (hommes et animaux) et ne me suis déplacée que pour le strict nécessaire, essayant de lire un peu (moi qui dévore d'habitude, je n'ai pas lu un seul livre depuis mon arrivée, j'ai un peu parcouru le "Lonely Planet" mais sans conviction !), écoutant et participant de-ci de-là à quelques conversations puis, vers 17h, la chaleur devenant supportable, je suis partie pour une balade les pieds dans l'eau accompagnée des 3 chiens. Au retour, je me suis assise sur le sable pour accompagner le soleil dans sa descente vers l'horizon. Rien de plus banal qu'un coucher de soleil et, pourtant, je suis toujours fascinée. Encore faut-il se donner le temps de la contemplation ! Devant moi, un grand ruban d'or, de l'horizon à la plage, ondulant légèrement avec les vaguelettes ; irisations vertes et légèrement rosées à la surface de l'eau, ciel en dégradés de violet, bleu, gris et cette boule de feu orange vif qui rejoint l'eau peu à peu !!!... Le monde se réduit à ce lieu et à cet instant précis. Un instant de bonheur ... What else ???...
Là-dessus, le chapati swami arrive, s'accroupit près de moi et me demande à quoi je pense comme ça, de but en blanc ! Indiscret non ? Alors j'hésite, il réitère sa question, je commence à vouloir évoquer la beauté de tout cela et bla bla bla (comme je viens de le faire avec vous), mais il ne me laisse pas le temps de développer car je comprends très vite que ce n'est pas de la surface de ce que je vois qu'il veut m'entendre parler mais du sens de ce qui m'entoure : l'eau, le sable qu'il fait glisser entre ses doigts, l'air et le ciel et le feu du soleil (les 5 éléments). Il développe donc et, en partant de la goutte d'eau qui s'évapore et finit toujours par rejoindre la mer, il compare ce cycle à celui de la vie humaine. Et, pour lui, c'est à cela qu'il faut penser quand on est devant la mer, parce que les considérations esthétiques sont inutiles !!!... Puis, il s'en va comme il est venu (la cuisine l'attend) en me disant "now, think" ("maintenant, pense"). Les chiens n'ont pas bougé, ils m'entourent, pensifs eux aussi ... Mais à quoi pensent-ils donc : aux bons poissons tout frétillants qu'ils aimeraient manger ou à leur prochaine réincarnation ???... Lorsque j'arrive de la plage, le swami m'appelle et me donne une grosse assiette de sweet rice (riz cuit avec mélasse, noix de coco en lamelles et noix de cajou, ce n'est pas tout de suite que je vais perdre du poids !!!...). Plus tard, au moment du dîner, alors que je mangeais le curry du soir (très très relevé), il m'a suggéré de reprendre du riz sucré en me disant qu'il l'avait fait spécialement pour moi afin d'adoucir le feu du piment !!!... N'est-ce-pas un adorable swami ? Comme chacun sait, s'il a bien lu les épisodes précédents, un swami est (appelé saddhu en Inde du Nord) doit rester célibataire et même ne pas avoir de relations intimes avec le sexe opposé, il est également censé ne pas boire d'alcool, n'utiliser aucunes drogues et manger modérément. Je crois savoir, mais ne le dénoncez pas, que ce swami-ci a quelque peu dérogé dans tous ces domaines, mais j'espère tout de même que cela ne nuira pas trop à son entrée au Nirvana !
Je me plais tellement ici que j'ai décidé de rester une semaine de plus, soit environ jusqu'au 18. Le swami de l'ashram m'a dit que cette maison était désormais comme la mienne et que je pouvais venir y séjourner librement lorsque je le souhaiterai, j'y serai accueillie comme un membre de la famille. J'ai vraiment apprécié ! Prochaine étape : Kaniakumari où se rencontrent les 3 mers qui bordent l'Inde : océan indien, mer d'Oman et golfe du Bengale. Il y a de grandes chances pour que je m'y rende en voiture avec le swami d'ici et Catherine, je séjournerai alors à l'ashram Vivekananda.
En attendant je vais continuer ma petite vie tranquille ici : le yoga interrompu pour quelques jours ici (pour cause d'intervention à l'extérieur), doit reprendre demain, quant à mon apprentissage des massages, il est assez compromis ... En effet, je ne peux pas me débarrasser de mes douleurs lombaires. Tous les matins c'est la catastrophe, ça s'arrange au fil de la journée. Alors, en ce qui concerne les massages : lorsque j'en reçois un, les douleurs sont plus fortes après qu'avant le massage. Et, lorsque j'en donne un, je dois m'interrompre sans cesse parce que les positions qu'il faut adopter pour masser (debout au-dessus de la personne allongée au sol) me cassent complètement (de plus il n'y a ni ventilateur ni air conditionné dans les salles de massages, vous vous en doutiez un peu d'après ma description des lieux !). J'essaierai de faire un complément de formation en rentrant en France (peut-être avec Catherine qui a son cabinet à Angers) et il faudra que j'adapte la technique à la table de massage. Je ne le ferai pas au sol ... Quelques photos en vrac et je vous abandonne pour les bras de Morphée. Je vous embrasse.