Du bruit dans la cuisine ... et dans la palmeraie !
Vous n'allez pas me croire : il est 22h, je suis assise sur ma petite terrasse et une vraie brise, bien fraîche, remplace fort avantageusement mon ventilateur !
J'apprécie d'autant plus que la journée a été torride, sans un souffle d'air, vous savez, comme avant un orage. D'ailleurs, dans le ciel resté gris toute la journée, on pouvait voir des éclairs à l'horizon et entendre au loin des coups de tonnerre, j'espérais une bonne pluie comme on en a tant par chez nous, nous n'avons reçu que quelques gouttes vite séchées ... Le soleil s'est montré peu avant de se coucher, juste au moment où nous nous sommes baignées. Sans exagérer, à chaque bain j'ai l'impression de renaître !
Si vous saviez comme je suis contente de lire vos commentaires, de sentir ce lien qui nous maintient en contact malgré l'éloignement, merci à vous. Je vais aussi consulter mes mails chaque jour, alors n'hésitez pas à me laisser des messages plus personnels si vous le souhaitez.
Pour en venir enfin au titre de l'article : la journée d'hier était particulière. En effet nous recevions à l'ashram un groupe de 25 personnes, en stage de PNL (je vous en ai déjà parlé) auquel le swami donne des cours de yoga tous les matins pendant 2 semaines mélange d'occidentaux et d'indiens plutôt citadins. Le matin , après le petit déj, j'allais vaquer à mes occupations habituelles, puis j'ai vu que ça s'agitait bien en cuisine, j'avais oublié l'invitation, chapati swami, Amma (la mère), Tulutzi (la soeur), Sathi (la cuisinière), Catherine, tout le monde épluchait, tranchait, éminçait, mixait, faisait frire, mijoter, bouillir ... J'ai donc proposé mon aide aussitôt acceptée avec empressement et je me suis retrouvée avec une montagne (allez, une colline !) de gousses d'ail à éplucher avec un énorme couteau rouillé de chez rouillé, un cauchemar. Il faut préciser que cela se passe, assise sur un tabouret haut de 10cm, tabouret qui à l'occasion sert de planche à découper, pliée en 2 au dessus d'un autre tabouret-planche. Catherine et moi sommes donc chargées de l'ail, le "plan de travail" que nous partageons au sol mesure environ 20 cm X 30 cm et se situe au milieu du passage entre le fourneau à bois , l'évier (au sol lui aussi) et le réchaud à gaz. Le lieu étant très fréquenté, on n'arrête pas de nous enjamber, de vérifier que l'épluchage est correct tout en nous faisant comprendre qu'il faudrait accélerer la cadence ! vous me connaissez, je ne suis pas une rapide et je déteste qu'on me bouscule !!!... Je ne voudrais pas en arriver aux moyens extrêmes comme déclencher une grève pour le "Soutien aux employées françaises honteusement exploitées dans les cuisines du Kerala", alors, je choisis la diplomatie et décide de migrer (suivie par Catherine) dans la salle à manger où il y a une vraie grande table et de vraies chaises et où l'on peut se tenir debout sans déranger personne. De plus on peut y respirer l'air de la mer. Excellente décision ! Nous voyant débordées de tous côtés par les oignons, piments, gingembre, carottes, haricots, pommes de terre, manioc, noix de coco, coriandre, groseilles à maquereaux et, j'en oublie sûrement, de bonnes âmes de passage proposent leur aide. Tulutzi, Amma et Sathi viennent jeter un oeil critique de temps à autre : il faut couper plus petit ou plus fin, mais dans l'ensemble nous nous en sortons plutôt bien. Après la vaisselle (qui se fait, à l'eau froide, sans produit, en 2 temps : eau de mer puis rinçage eau douce. Manque d'eau récurrent, il y a quelques jours, il a fallu acheter de l'eau douce pour l'usage domestique) , le rangement des ustensiles, on peut aller traîner un peu en cuisine pour le plaisir des yeux et de l'odorat, on peut même goûter parfois ...
Une bonne baignade et une bonne douche (un seau d'eau froide que l'on verse sur soi avec un petit broc) me remettent d'aplomb et toutes ces manipulations culinaires m'ont mises en appétit ... Mais pas de repas prévu avant le dîner avec les invités. Dîner tardif exceptionnellement car avant, il y a un spectacle ! J'ai faim et ce n'est pas un verre de tchai qui va me rassasier ! Je retourne à la cuisine où Sathi, la cuisinière "touille" une préparation dans une sorte de grand wok. Je m'informe, innocemment ; elle ne parle pas bien anglais, alors, un peu pour se débarrasser de moi, un peu par gentillesse aussi, elle me tend une grande asiette de "payasam" : le dessert pour ce soir : lait de coco, ghee (beurre clarifié), farine, gingembre, noix de cajou grillées au ghee, mélasse (écrasée au pilon). Me voici requinquée, d'autant plus qu'Amma, ne sachant pas que je viens d'en manger une assiette, m'en propose un verre (donner de la nourriture, c'est sa manière de remercier quand on l'aide à faire quelquechose).
Pendant ce temps, musiciens, chanteurs et danseurs sont arrivés, ont mangé, bu le thé, ont installé leur décor et leur matériel et commencent à se maquiller et à enfiler leurs costumes. Ce seront des chants et danses populaires du Kerala. Le groupe de PNL arrive, le spectacle peut commencer : rythmé, vivant, coloré, tous les spectateurs sont invités à participer, à venir danser avec les artistes, personne ne se fait prier. Les villageois et leurs enfants sont arrivés en masse ; il est rare qu'il y ait de telles animations au village. Les enfants s'en donnent à coeur joie. Fin du spectacle, chacun des invités se déplace avec sa chaise vers un autre lieu de l'ashram où ils s'installent en cercle, et nous (les personnes de l'ashram) leur servons à dîner. Le couvert est spartiate : une assiette en carton et une main droite. L'eau et le dessert sont servis dans un gobelet en carton. En attendant notre tour nous dégustons des tranches d'ananas frais. Une fois le groupe parti, enfin nous pouvons nous régaler et apprécier le fruit de nos efforts. Catherine et moi aidons Amma à ranger la cuisine et hop, dodo bien mérité ; j'étais incapable d'écrire une ligne hier soir.
Demain, excursion à Fort Cochin avec Lia, un rickshaw vient nous chercher à 7h30 pour nous emmener à l'embarcadère. Suite au prochain numéro ! Je vous embrasse.